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Quels compositeurs va-t-on fêter en 2023 ?

Quels compositeurs va-t-on fêter en 2023 ?

Rien de tel qu’une coupe de champagne pour célébrer sans modération et en musique les anniversaires des grands compositeurs. Alors que 2022 a permis de redécouvrir César Franck, qui sera particulièrement à l’affiche en 2023 ? Réponse…


Pour une fois, il faut reconnaître que l’année 2022 a porté ses fruits. Alors que les célébrations servent le plus souvent les intérêts des maisons de disque avant les compositeurs, César Franck a bénéficié d’une large couverture tant au concert que dans la presse spécialisée. L’artiste belge qui a révolutionné la musique française du XIXe siècle a bien été la figure de proue de l’année avec de multiples hommages dont celui, exemplaire, rendu par l’Orchestre Philharmonique de Liège. En revanche, à Dresde, les festivités autour d’Heinrich Schütz n’auront que peu rayonné au-delà des frontières allemandes. Même si Scriabine a été un peu plus joué par les pianistes du monde entier, il faut reconnaître que les autres grandes personnalités du monde classique n’auront pas été assez dans l’actualité musicale. Ralph Vaughan Williams a vu fleurir quelques disques mais sauf erreur, pas d’exposition ou de livre Diaghilev qui aura son heure de gloire en 2029 (pour les 100 ans de sa mort), espérons-le ! E.T.A. Hoffmann, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, Hugo Alfvén, Stanisław Moniuszko ou même Iannis Xenakis devront attendre encore, eux aussi.

Une interprète élue Compositeur de l’année 2023 !

Alors que nous réserve 2023 ? Si les organisateurs de concert aiment les comptes ronds, William Byrd aura sans doute plus de chance que Rachmaninov mais le compositeur russe a-t-il besoin d’un anniversaire pour être célébré ? C’est tout le paradoxe de ce genre d’événement qui ne concerne que de loin un public habitué à entendre régulièrement des œuvres inscrites profondément au répertoire. La musique baroque a vu naître un engouement souvent accompagné par une avidité de découvrir. Les musicologues profitent parfois des anniversaires pour proposer ou mettre à jour le travail effectué sur des compositeurs connus ou oubliés. Marc'Antonio Cesti déjà dans l’actualité en 2019 trouvera peut-être un regain d’intérêt en 2023 comme Johann Joachim Quantz. Les chercheurs du Palazzetto Bru Zane se pencheront sûrement sur les œuvres d’Edouard Lalo ou d’Ernest Reyer tandis que les modernes attendront plus de musique de leur idole Ligeti au concert. Une chose est sûre, la star des années 2023 ne sera pas un compositeur mais une interprète de légende qui en représente un bon nombre. Maria Callas aura 100 ans le 2 décembre 2023. La soprano au destin tragique qui a révolutionné l’opéra mérite amplement sa place au panthéon des divas et des déesses et en tête de ce classement. CCC a dressé cette liste non exhaustive des compositeurs nés ou morts il y a, 50, 100, 150, 200, 300 ou 400 ans pour pointer quelques projecteurs sur…


1 - Maria Callas (1923-1977) née il y a 100 ans

Crédit photo (c) Maria Callas bio

Un nom et un seul nom magique suffit à illuminer le visage des mélomanes partout de New York à Athènes, de Milan à Paris. Maria Callas symbolise à elle seule le monde de l’opéra et des divas. Avec un destin tragique bien connu des médias, elle a sacrifié sa vie pour son art. Même si ses amours malheureuses font également partie de la légende, c’est sur scène où elle s’est consumée qu’elle reste une icône, 100 ans après sa naissance. L’artiste exigeante a révolutionné son époque et laisse un héritage qu’il convient toujours de rappeler. Que serait le bel canto sans Maria Callas ? Les opéras de Rossini, Cherubini, Giordano et même Verdi ont changé de physionomie après elle. Certes, le timbre marqué de la soprano peut déplaire mais l’intelligence de l’interprétation dans le respect de la partition est universellement admirable. Immortalisée grâce aux nombreux disques toujours de référence, elle aura 100 ans le 2 décembre 2023.

2 - Sergei Rachmaninov (1873-1943) né il y a 150 ans

Rachmaninoff Abstract © Library of Congress

Une vie pour le piano ! Même s’il n’a pas révolutionné l’écriture pour son instrument, Rachmaninov n’en demeure pas moins une référence pour les artistes et les mélomanes grâce à ses concertos qui n’ont jamais quitté l’affiche depuis leur création. Sa vie a connu les tumultes de l’Histoire. Né dans une famille de la petite noblesse russe, il entre au Conservatoire de Saint-Pétersbourg à l’âge de 9 ans pour y suivre un enseignement exigeant fait de rigueur et de discipline. Après des succès prometteurs et l’échec de sa première symphonie, il connaît la dépression puis des années de bonheur en Russie et dans le monde où il entame ses premières tournées. La révolution d’Octobre est un déchirement qui le pousse à quitter sa terre natale. Pianiste virtuose, il enchaine alors les tournées pour s’installer en Suisse mais la seconde guerre mondiale le surprend alors qu’il se trouve aux Etats-Unis où il meurt en 1943.

3 - William Byrd (1539-1623) mort il y a 400 ans

Source : William Byrd / Wikimedia Commons

Le Royaume-Uni n’ayant pas toujours été une terre où l’on célébrait les compositeurs, on ne sait pas grand-chose sur la jeunesse de William Byrd qui aurait peut-être été élève de Thomas Tallis. Les musicologues sont sûrs en revanche qu’il a été organiste de la cathédrale de Lincoln avant de remplir l'office de gentilhomme de la Chapelle Royale à Londres aux côtés de Tallis. En 1575, le Reine Elisabeth Ier leur accorde le monopole de l’impression et de l’édition musicale pour une durée de 21 ans. Ils publient leurs œuvres mais également deux anthologies musicales en anglais. En homme de la Renaissance curieux de tout, même si son impressionnant catalogue de plus de 500 œuvres contient surtout de la musique religieuse (messes, motets et songs), il a abordé le clavier en jetant les bases du style baroque. Surnommé « Father of Musick », il a formé une génération de compositeurs (Morley, Tomkins, Gibbons et Bull).

4 - György Ligeti (1923-2006) né il y a 100 ans

György Ligeti © H.J. Kropp /Schott Promotion

Grâce à Stanley Kubrick et à d’autres cinéastes inspirés, György Ligeti a été sans aucun doute l’un des compositeurs les plus célèbres de son temps. Les étrangetés de Lux Aeterna entendues dans 2001, l'Odyssée de l'espace auront marqué des générations hypnotisées par la composition en « surface de timbres ». Les parisiens se souviennent de la consécration au Châtelet avec le cycle que Stéphane Lissner a programmé lors de la saison 97-98. Les œuvres de Ligeti, contemporain de Pierre Boulez et Luciano Berio, possèdent une forte originalité où l’on devine l’inspiration d’un Debussy ou d’un Bartók. Hongrois né en Roumanie d’une famille juive, il a connu les mesures antisémites, la déportation de sa famille et les vicissitudes des régimes autoritaires. Installé à Vienne, il prendra la nationalité autrichienne et mènera également une carrière de pédagogue en Allemagne et en Suède.

5 - Edouard Lalo (1823-1892) né il y a 200 ans

Édouard Lalo vers 30 ans © Bibliothèque du conservatoire de Genève

Lalo fait partie des compositeurs dont le nom résonne familier grâce à quelques pièces emblématiques mais reste pourtant assez mal connu du grand public. Le concerto pour violon et la Symphonie espagnole (créée par le célèbre virtuose Pablo de Sarasate) sont des partitions incontournables pour les violonistes. La postérité a retenu quelques belles mélodies comme Adieu au désert ou côté opéra, Le Roi d’Ys (et son air « Vainement, ma bien-aimée ») et dans la veine orientaliste le ballet Namouna (avec la Suite en blanc utilisée par Serge Lifar) mais moins son autre opéra Fiesque pourtant de bonne facture. Musicien d’orchestre à l’Opéra-Comique, il est membre fondateur du Quatuor Armingaud de très bonne réputation pour qui il compose un peu. Son apogée viendra ensuite, avec la création de la Société nationale de musique où il crée la plupart de ses œuvres. Un large pan de la production de ce compositeur considéré comme un symphoniste, reste à explorer.

6 - Pablo Casals (1876-1973) mort il y a 50 ans

Pau Casals par Ramon Casas © MNAC (musée national d'Art de Catalogne)

Autre grand interprète de ce classement, Pablo Casals est avec Mstislav Rostropovitch le violoncelliste le plus connu au monde. Sa carrière de soliste mais aussi de chef d’orchestre qui s’est essentiellement déroulée sur les planches fait souvent oublier le compositeur. Il a pourtant écrit plus d’une soixantaine de pièces (et pas seulement pour violoncelle) comme l’oratorio El Pessebre, la sardane Sant Martí del Canigó ou le charmant Chant des Oiseaux. Personnalité hors du commun, Casals a beaucoup œuvré pour la transmission en participant, entre autres, à la création de l'École normale de musique de Paris avec ses acolytes Alfred Cortot et Jacques Thibaud. Engagé politiquement, il a combattu les dictatures et en particulier celle de Franco en Espagne. L’interprète inspiré qui reste une référence lorsque l’on évoque les Suites de Bach, est célébré chaque été à Prades, ville où il a trouvé refuge en 1936 et qui accueille les grands artistes au Festival Pablo Casals depuis 1950.

7 - Max Reger (1873-1916) né il y a 150 ans

Max Reger © Deutsche Fotothek Dresden, Germany - www.deutschefotothek.de

Un peu difficile de placer Max Reger (qui fut professeur de composition à Leipzig et Directeur de Chapelle de la cour de Meiningen) sur l’échiquier de la musique classique, même s’il pousse la tonalité assez loin, il reste attaché aux Romantiques et disparaît malheureusement trop tôt (à l’âge de 43 ans) pour pouvoir construire une renommée aussi importante que celle de Richard Strauss (son ami) ou de Gustav Mahler. Cependant, il laisse une Œuvre monumentale où l’on décèle ici ou là, l’influence de Beethoven même s’il n’a jamais composé de symphonies. Surtout joué en Allemagne, il est principalement connu pour avoir donné une nouvelle impulsion à la musique de chambre et au piano. Ses œuvres pour orgue sont également réputées et certains ont même évoqué le nom de Bach, Reger ayant la réputation d’être son successeur le plus remarquable.

8 - Marc’Antonio Cesti (1623-1669)  né il y a 400 ans

Antonio Cesti par Salvator Rosa ?

Contemporain de Cavalli et de Carissimi dont il a suivi l’enseignement, Marc'Antonio Cesti peine encore à s’imposer au répertoire baroque. Pourtant, influencé par l’école vénitienne, le compositeur prisé des cours européennes (Innsbruck, Vienne) a inspiré à René Jacobs et Ottavio Dantone quelques beaux disques. Il pomo d’oro, l’ensemble baroque de premier plan, a repris le titre d’une de ses œuvres. Côté personnel, Cesti a connu un destin cocasse avec une vie émaillée de scandales. Il faut dire que ce moine franciscain ne suivait pas forcément de près les préceptes de son ordre, préférant chanter à l’opéra que dire des cantiques. Le ténor s’était distribué lui-même dans l’Orontea, opéra où il est dit que l’amour ignore la loi.  Son amitié pour le peintre fantasque et poète satirique Salvator Rosa n’était pas non plus du gout du clergé.

9 - Ernest Reyer (1823-1909) né il y a 200 ans

Ernest Reyer © Bibliothèque du conservatoire de Genève

Ernest Reyer fait partie des compositeurs totalement oubliés malgré ses succès phénoménaux et une carrière des plus honorables. Créé en 1884 à la Monnaie de Bruxelles puis repris au Covent Garden de Londres, à Lyon et Monte-Carlo, l’opéra Sigurd (qui prend sa source dans les Eddas scandinaves comme la tétralogie de Wagner) connaît plus de cent représentations à l'Opéra de Paris avant d’être donné à la Scala et à l’Opéra de la Nouvelle-Orléans. La légende du Nibelung ayant été illustrée par Wagner autrement inspiré, l’œuvre de Reyer est rarement jouée surtout à cause de la raréfaction du type de grandes voix requis. Grâce au regain d’intérêt pour le grand opéra, le compositeur, neveu de Louise Farrenc et admirateur de Meyerbeer et Berlioz, sera sans doute de nouveau à l’affiche pour la redécouverte de ses autres chefs-d’œuvre comme Salammbô ou Erostrate.

10 - Johann Joachim Quantz (1697-1723) mort il y a 300 ans

Quantz (par Johann Friedrich Gerhard) source : Wikipedia

Tous les flûtistes connaissent Johann Joachim Quantz et son « Essai d'une méthode pour apprendre à jouer de la flûte traversière », traité musical parmi les plus importants du XVIIIe siècle. Pourtant, d’abord musicien municipal, il a appris à jouer de tous les instruments à vent et commence comme hautboïste à Dresde. Il aborde la flûte uniquement pour faire progresser sa carrière. Il se perfectionne en effectuant son Grand Tour européen au cours duquel il rencontre les Scarlatti père et fils, Hasse, Farinelli mais aussi les français Leclair et Blavet ainsi que Haendel. La providence fait de lui le professeur du prince héritier, bientôt Frédéric II de Prusse. Comme musicien de la chambre du roi et compositeur de la cour de Potsdam, il a comme partenaires au Palais de Sanssouci Carl Philipp Emanuel Bach et Franz Benda mais il reste le seul autorisé à critiquer le roi, ou du moins sa technique instrumentale ! Son catalogue comprend environ 300 concertos pour flûte.


Toute l’équipe de CCC vous souhaite une très bonne année 2023 !

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