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La pianiste Hélène Grimaud embrase le Semperoper de Dresde

La pianiste Hélène Grimaud embrase le Semperoper de Dresde

Il est inutile de présenter la superbe pianiste Hélène Grimaud que quelques canidés ont rendu mondialement célèbre. Invitée par le Dresden Musikfestspiele, c’est sur la scène du Semperoper que les mélomanes ont pu apprécier l’art de la grande dame. Compte-rendu…

Hélène Grimaud © Oliver Killig

Hélène Grimaud © Oliver Killig

Dans le cadre du magnifique Dresden Musikfestspiele qui invite des artistes internationaux de grand renom, les quelques concerts qui ont lieu au Semperoper sont peut-être les plus prestigieux. Au cours de la saison 2019, le mythique opéra de Dresde a accueilli Daniel Barenboim à la tête de la Staatskapelle Berlin et Hélène Grimaud. Dans le monde, la fabuleuse pianiste française a atteint un haut niveau de popularité qui ne semble jamais faiblir comme en témoigne l’accueil enthousiaste réservé ce dimanche 2 juin 2019.

Les spectateurs étrangers se sont mêlés aux mélomanes saxons pour assister à un récital de très haute tenue. Le programme admirablement construit a fait alterner les pièces très connues avec des découvertes dans une première partie à majorité française. Les plus assidus auront reconnu les pistes du CD Memory paru en septembre 2018 qui suivent presque la même trame. La seconde partie a été consacrée aux Kreisleriana de Schumann composant ainsi un pendant allemand.

Du ciel à la terre

En débutant le récital par la première des Bagatelles du compositeur contemporain ukrainien Valentin Silvestrov, Hélène Grimaud cueille son public pour le conduire sans attendre dans un univers délicat et aérien. A la lecture du programme, l’on imagine que les pièces signées Debussy, Satie ou Chopin vont sans doute maintenir l’auditoire dans une ambiance feutrée entre nuages et éther. Et pourtant, la pianiste réserve quelques surprises. La première Arabesque de Debussy très libre et chantante vient contrebalancer le second Silvestrov émouvant. Le tempo de la Gymnopédie No. 4 recherché met en avant le jeu détaché de l’artiste avec un sens de la syncope assez unique. Les parfaites petites brisures font sens pour glisser doucement vers un Nocturne No. 19 de Chopin retenu, où la main gauche implacable semble enraciner la partition à la terre tandis que la main droite s’envole. Du grand art !

Interprète-traductrice

© Mat Hennek

© Mat Hennek

La fameuse Gnossienne No. 1 prise plutôt rapidement surprend par l’absence d’étrangeté. Hélène Grimaud traduit Satie en langue vernaculaire avec même quelques brutalités que l’on retrouve également dans La plus que lente de Debussy. En enchaînant les pièces sans pause, le récital est à considérer comme un tout où la pianiste signifie. Elle porte les sensations et traduit les mots des compositeurs comme un témoin ou plutôt comme un passeur d’émotions. Dans la Mazurka No. 4 et surtout dans la Grande valse brillante No. 2 de Chopin, elle ne se laisse pas porter par la beauté pure et le chaloupé élégant du compositeur franco-polonais, sans doute pour insister plus sur le désespoir derrière l’esthétisme. Une autre surprise vient avec Le Clair de lune de Debussy, terrien, volontaire et pourtant d’une rare profondeur.

Dans les Kreisleriana de Schumann en deuxième partie de programme, la grande artiste a offert un condensé de sa technique infaillible dans les parties virtuoses. Les qualités déjà remarquées s’exposent de nouveau avec maintenant plus de fougue pour parfaire la touche romantique. Les notes détachées très claires avec la retenue adéquate transforment le Schnell und spielend final en un très grand moment de musique. Les trois bis signées Rachmaninov, Janáček et Brahms ont fini d’embraser le public qui finit debout pour acclamer la grande dame du piano.

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