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Un opéra-comique d’Offenbach à l’Opéra Comique ou Madame Favart, salle Favart

Un opéra-comique d’Offenbach à l’Opéra Comique ou Madame Favart, salle Favart

Oublions Berlioz un instant pour Offenbach car c’est aussi son année. Et qui de mieux placé que l’Opéra Comique pour rendre à César ce qui appartient à César en jouant salle Favart l’opéra-comique Madame Favart ? Explications…

© Stefan Brion

© Stefan Brion

En fin de saison, la bonne habitude est désormais prise de retrouver à l’Opéra Comique le clou du Festival Palazzetto Bru Zane à Paris avec la redécouverte d’un opéra mis en scène. Après Gounod et La Nonne sanglante en 2018, une pièce d’Offenbach fait l’actualité en ce mois de juin 2019, à l’occasion d’un joyeux anniversaire. En effet, le 20 juin 2019, soir de la première d’une nouvelle production de Madame Favart, le célèbre compositeur aurait eu 200 ans tout rond ! La Salle Favart et la fondation Bru Zane ont très judicieusement exhumé cet opéra-comique, l’une des dernières pièces à succès composée avant La Fille du tambour-major et Les Contes d’Hoffmann.

Pour la bonne compréhension, un petit rappel s’impose. Un opéra-comique n’est pas, contrairement à l’idée reçue, une œuvre où l’on rigole forcément tout le temps (demandons à Carmen ce qu’elle en pense !) mais un genre lyrique à part entière où les parties chantées alternent avec les parties parlées. A Paris, un théâtre était entièrement dévolu à ce type de spectacle, la salle Favart ! L’opéra-comique Madame Favart se joue donc Salle Favart, aujourd’hui connue comme le théâtre de l’Opéra Comique.

Du sérieux dans la fantaisie

© Stefan Brion

© Stefan Brion

Comme à son habitude, l’institution parisienne a mis en œuvre tous les moyens pour la parfaite réussite du projet, à commencer par une direction d’orchestre de très haute tenue. Le chef Laurent Campellone à la tête de l’impeccable Orchestre de Chambre de Paris possède le talent idéal pour rendre l’exactitude de cette musique avec le sérieux nécessaire et la fantaisie attendue. Nouvelle venue à la mise en scène d’opéra, la sociétaire de la Comédie-Française Anne Kessler soigne les effets et la direction d’acteur en jouant prudemment sur la métonymie.

Un décor au troisième acte évoque bien le fumoir du théâtre mais il faut comprendre (notamment en feuilletant l’excellent programme) que le décor principal est la reproduction en grand du Central costumes de l’Opéra Comique. La confusion du spectateur qui s’attend à trouver une auberge, un salon ou un camp militaire est compréhensible surtout avec des protagonistes vêtus en couturiers. Bien chantant, le Chœur de l’Opéra de Limoges aurait pu être mieux exploité. Malgré quelques décalages étonnants avec la fosse (sans doute un réglage de première), le plateau vocal possède la fibre de la comédie, à une exception près.

Rapatataplan, rapatataplan, rapatataplan…

Dans les rôles de caractère, Franck Leguérinel et Lionel Peintre avec leur forte personnalité sont irrésistibles, tout comme Raphaël Brémard et surtout Eric Huchet qui campe un marquis de Pontsablé haut en couleur. Le ténor maîtrise à merveille le sens du tempo, un impératif pour emmener ses partenaires avec lui. A dessein, dans le rôle de Madame Favart l’on attend une meneuse de revue car l’intrigue et ses rebondissements reposent principalement sur ce personnage central. La mezzo Marion Lebègue fait du bon travail mais ne se hisse jamais au-dessus de ses acolytes, provoquant un déséquilibre remarqué. Hésitant sans doute entre la comédie et le beau chant, elle a de l’abattage (notamment lorsqu’elle se grime en vieille tante dans l’acte II) mais ne l’exploite qu’uniformément.

Dans le rôle d’une héroïne plus lisse (Suzanne), Anne-Catherine Gillet n’a aucun mal à occuper tout l’espace notamment grâce à son soprano de plus en plus fruité et épanoui. Avec un délicieux petit grain de folie, la comédienne au ton juste excelle comme son partenaire François Rougier. Dans le rôle du mari Hector de Boispréau, cet ancien membre de l’Académie de l’Opéra Comique est la révélation du spectacle et confirme une fois de plus le talent de l’institution parisienne pour dénicher les ténors. A ses côtés dans le rôle de Charles-Simon Favart, le baryton Christian Helmer ne démérite pas malgré un manque d’agilité vocale qui semble l’handicaper dans ce répertoire où les « Rapatataplan » fusent. La musique d’Offenbach prétendument facile rend joyeux comme cette nouvelle production pétillante qui ravit malgré ses légers défauts.

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