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À Cannes, Carte Blanche pour un drame en cours

À Cannes, Carte Blanche pour un drame en cours

Le mélomane curieux qui se nourrit d’art, d’histoires et de pensées s’éduque souvent et s’enrichit toujours. À Cannes, Carte Blanche l’a emmené dans le grand nord sur la voie de la guérison avec BIRGET, ways to deal, ways to heal ! Explications... 

BIRGET; Ways to deal, ways to heal, Carte Blanche © CND Norvege

Carte Blanche, compagnie nationale de danse contemporaine de Norvège, nous donne rendez-vous ce dimanche 26 novembre 2023 au Festival de Danse Cannes. Pour sa première française, la pièce BIRGET, ways to deal, ways to heal est présentée au Théâtre Debussy. Troisième jour de Festival et le thème de l’édition “Danses sans frontières” résonne un peu plus fort en cet fin d’après-midi. Sur une idée d’Annabelle Bonnéry la directrice de la compagnie, la rencontre artistique entre la chorégraphe Elle Sofe Sara et le scénographe Joar Nango a fait naître une création qui met en lumière la “Norvégianisation” du peuple Sami. La pièce engagée soulève des questions en évoquant une histoire sombre trop peu connue. 

Faire face à la Norvégianisation 

BIRGET; Ways to deal, ways to heal, Carte Blanche © CND Norvege

Actrice majeure de cette 24ème édition du festival, Annabelle Bonnéry a eu l’idée d’une collaboration entre la chorégraphe Elle Sofe Sara et Joar Nango, tous deux Sami. Les treize danseurs de la compagnie Carte Blanche de renommée internationale, se sont alors envolés pour un voyage vers Kautokeino à la rencontre du peuple Sami. Pendant leur séjour en immersion, ils ont découvert la façon de vivre des Sami, dans un quotidien éloigné des enjeux d’un capitalisme à l’occidental. Ce peuple s’organise autour de l’élevage des rennes, dérangé par une politique gouvernementale dite de “Norvégianisation” qui a effacé petit à petit leur culture et bouleversé par le dérèglement climatique. Elle Sofe Sara leur a enseigné une coutume. Chaque être n’est qu’un visiteur qui passe et qui doit prendre le temps d’écouter chaque nouvel endroit, chaque nouvel espace sans se l’approprier. C’est avec cette philosophie que les artistes de Carte blanche vont observer, incarner, s’inspirer de cette culture sous sa direction. Alors que la pièce n’a pas vocation d'expliquer mais de faire ressentir, BIRGET (verbe Sami pouvant être traduit par “faire face”) s’accompagne d’une vidéo. Comme une trace qui témoigne de cette rencontre, il vaut mieux la visionner en amont car elle apporte plusieurs clefs de compréhension. 

Au milieu d’un troupeau de rennes 

BIRGET; Ways to deal, ways to heal, Carte Blanche © CND Norvege

Les portes du théâtre s’ouvrent, les spectateurs s’immiscent dans les rangs numérotés mais une interrogation plane. Pourquoi de grands sacs en plastique sont ils cachés sous les sièges ? L’expérience a déjà commencé car autour des festivaliers cherchant leur place, quelques danseurs de la compagnie se sont installés se fondant dans le bain humain. Comme s’étant approprié l’espace, les artistes dressent un parallèle avec les Norvégiens sur les terres Sami comme une domination diffuse qui prend la place des autres. La lecture du rapport final de la Commission vérité et réconciliation au Parlement Norvégien (traduit en sur-titre pour la première française) en bande sonore renforce l’impression de malaise. Sur le plateau sont disposés bâches, traineau, cordes et matériaux bruts. La création d’un paysage Sami par le scénographe Joar Nango expose des éléments secs, simples et rugueux. Dans cette atmosphère, les danseurs s’agitent et existent seuls occupant toute la scène dans des mouvements animaliers (rappelant les rennes), brusques, inégaux dans des courses infinies et des équilibres qui font vivre une douleur bien présente. Sous une lumière rouge prédominante, le temps est étiré. Avec des costumes dépareillés, sneakers de montagne, santiags ou encore crocs, l’harmonie n’est pas au rendez-vous. L’œil est même perturbé malgré un seul point commun, des filets plastiques qui entourent un membre, un bout des artistes tous pris au piège par un même prédateur. Dans le chaos, un groupe se forme, les mouvements s’alignent, des cris jaillissent et la pièce s’achève sur un cimetière de ces sacs plastiques (qui sont en réalité les sacs de nourriture des rennes). Le souhait initial de cette création n’est pas de faire une pièce politique et pourtant c’est ce que l’on retiendra de cette expérience où la danse est au second plan. BIRGET est une œuvre qui provoque l’incompréhension et peut être même une frustration qui incitera, espérons-le, à creuser le sujet. L’art comme outil prend ici tout son sens. 

BIRGET; Ways to deal, ways to heal, Carte Blanche © CND Norvege

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