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Haydn, Eisenstadt et le Festival d’Oper im Steinbruch

Haydn, Eisenstadt et le Festival d’Oper im Steinbruch

Dire que la musique classique est partout chez elle en Autriche est une évidence qui frise le pléonasme. Et pourtant, Vienne et Salzbourg focalisant une grande partie de l’attention, les mélomanes ne connaissent pas toujours la richesse de l’offre musicale. Le nom d’Eisenstadt par exemple sonne familier au plus érudits qui se souviennent que la capitale du Burgenland est la résidence des Princes Esterházy, férus de musique, de culture et surtout mécènes du grand Joseph Haydn.

Au détour d’un voyage, ces amateurs éclairés découvriront dans le Palais Esterházy, la splendide Haydnsaal. Inaugurée bien avant le Musikverein, cette salle de concert possède comme son illustre parente viennoise une acoustique des plus parfaites qui la classe elle aussi sur le podium des lieux incontournables de la musique classique dans le monde.

Daniel Serafin © Schulcz Lisa

Daniel Serafin © Schulcz Lisa

Des histoires de famille dans le Burgenland

De nombreuses manifestations sont toujours proposés chaque saison mais les amateurs de lyrique doivent patienter jusqu’à l’été pour profiter d’un autre lieu incroyable. Depuis 1996, à quelques kilomètres d’Eisenstadt, les carrières de St. Margarethen accueillent un festival d’opéra. A l’occasion de la vingt-troisième édition d’Oper im Steinbruch, nous avons eu l’opportunité de rencontrer Daniel Serafin, son sémillant directeur artistique.

Les gènes de la famille Serafin semblent la prédestiner à la musique classique. Dans la famille, Harald le père est un baryton très connu en Autriche. Il a dirigé le Seefestspiele Mörbisch, le célèbre festival d’opérette viennoise sur les rives du lac de Neusiedl tout proche. Les mélomanes connaissent tous la grande soprano Martina Serafin qui sera à l’affiche de Turandot de Puccini, la production 2020 d’Oper im Steinbruch. De l’aveu même de Daniel : « Il n’a pas été si facile d’engager sa propre sœur à l’agenda chargé ! ».

Le choix du répertoire s’est imposé de lui-même dans un lieu aussi impressionnant qui appelle le grand spectacle. Le metteur en scène dont on ne peut pas encore annoncer le nom a déjà l’idée de se servir des 7.000 m² de plateau (la plus grande scène à ciel ouvert d’Europe) pour amener la pompe et le spectaculaire réclamés par les spectateurs. Une des fiertés du directeur artistique est « d’afficher un excellent taux de remplissage et surtout de susciter l’intérêt d’un public jeune ».

Foto 01_Foyerpark_(c)_Josef Siffert

Foto 01_Foyerpark_(c)_Josef Siffert

Dix-huit représentations sont étalées chaque saison sur juillet et août avec 5.000 sièges occupés principalement par des Autrichiens mais également des Allemands, des Suisses, des Hongrois ou des Slovaques, quelques Américains et un peu de Français. Tout est prévu pour le plus parfait des accueils sur place avec une infrastructure confortable. Des restaurants permettent de déguster la gastronomie locale et surtout les vins, produits typiques des Esterházy.

Les princes protecteurs du festival

Le festival créé en 1996 sous le nom de Opernfestspiele St. Margarethen a connu une période compliquée et n’a pas eu lieu en 2018, faute de subventions. Spécialiste de l’héritage culturel depuis 1652, la Fondation Esterházy a naturellement repris en main la destinée de la manifestation qui amène ces milliers de mélomanes dans la région. Elle est également l’organisatrice du festival Herbst Gold en septembre à Eisenstadt. Dans la Haydnsaal, se côtoient jazz, folklore de la région et bien sûr musique classique avec toujours de grands artistes.

Zauberflöte 2019 © Andreas Tischler.

Zauberflöte 2019 © Andreas Tischler.

Pour Oper im Steibruch, un mot qui revient le plus souvent dans les propos de Daniel Serafin est « qualité ». Son expérience de chanteur est un plus qu’il a exploité pour sélectionner en concertation les jeunes chanteurs de Die Zauberflöte avec discernement. Avec ses deux milles ans d’histoire, la carrière de calcaire (d’où proviennent les pierres de la Stephansdom de Vienne) inscrite au patrimoine de l’UNESCO présente de nombreux défis. Un soin tout particulier est apporté à la sonorisation qui est très travaillée pour obtenir un équilibre naturel et de qualité. Quand on évoque la mise en scène, spontanément Serafin pense au showman Jérôme Savary, un visionnaire qui a fait beaucoup pour l’art du spectacle. Le directeur artistique est déjà à l’œuvre pour les cinq saisons à venir. Après Turandot en 2020, même si rien n’est encore confirmé, il nous promet « un grand Verdi où les chœurs ont une importance centrale ». Les mélomanes auront facilement deviné. Ceux qui partagent l’excitation de ce passionné débordant d’enthousiasme ont déjà pris rendez-vous pour 2020, 2021…

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