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Quels compositeurs va-t-on fêter en 2022 ?

Quels compositeurs va-t-on fêter en 2022 ?

Rien de tel qu’une coupe de champagne pour célébrer sans modération et en musique les anniversaires des grands compositeurs. Le mélomane renoue enfin avec la vie et c’est dans les salles de spectacle qu’il ira profiter de leur musique, en vrai ! Qui sera particulièrement à l’affiche en 2022 ? Réponse…


Avant d’aborder 2022, revenons sur 2020 et 2021 où les célébrations Beethoven et Saint-Saëns s’annonçaient plus que festives. Un vilain virus aura gâché la fête sans toutefois faire taire la musique. De nombreux disques ont vu le jour, les streamings ont bien marché et malgré tout, quelques grands événements ont pu avoir lieu comme un superbe Samson et Dalila aux Chorégies d’Orange. Pour des compositeurs immortels, le temps n’est pas un souci. La neuvième de Beethoven sera toujours la neuvième et peu importe alors qu’elle soit jouée en 2020 ou en 2022. Les programmateurs n’ont pas renoncé à leurs spectacles qui continuent de fleurir dans toutes les salles de concert pour former un bouquet bien vivace. Chaque année, les musicologues, les maisons de disque, les organisateurs de concert et les institutions musicales saisissent l’occasion des anniversaires de naissance ou de mort pour mettre en avant d’illustres disparus ou d’autres noms moins connus. Les musicologues travaillent parfois toute une vie pour permettre aux musiciens d’enchanter le public avec des découvertes, des relectures ou un approfondissement qui font vivre la musique classique.

Rendons à César ce qui appartient à Franck en 2022

La vie reprend donc et 2022 s’annonce déjà comme une très belle année. Il est amusant de constater que, tout comme l’autre dont on souhaite se débarrasser définitivement, le virus de la musique classique n’a pas de frontière. Les annonces des programmes permettent déjà de distinguer que César Franck sera la figure de proue des compositeurs. L’occasion est parfaite pour rendre hommage à l’artiste belge qui a révolutionné la musique française du XIXe siècle. Parmi les autres grands noms de 2022, Schütz et Scriabine font sans doute office d’outsiders, le premier comme l’un des grands compositeurs baroques allemands, le second parce qu’adoré des pianistes. L’année nous réservera bien d’autres surprises et pourtant, rien d’étonnant à parler de Diaghilev ou d’Hoffmann. L’on découvrira pourquoi dans les lignes qui suivent. Mais revenons à la question cruciale, majeure, incontournable qui a animé les repas de réveillon du monde entier et d’ailleurs, de toute évidence. Quelle est la tendance 2022 en matière de musique classique ? De qui faut-il faut absolument parler pour briller lors des dîners en ville ? CCC a dressé la liste non exhaustive des prétendants pour être à la pointe de la branchitude. Ils sont nés ou morts il y a 100, 150, 200, 250 ou 350 ans, ils seront tous dans l’actualité à un moment donné. Pointons les projecteurs sur…




1 - César Franck (1822-1890) - né il y a 200 ans

Source : César Franck by Pierre Petit / Wikipedia

Son nom est sans doute moins populaire que celui d’un Saint-Saëns (son ami) ou d’un Debussy (à qui il a ouvert la voie) et pourtant, le compositeur César Franck a révolutionné la musique française du XIXe siècle grâce à de nombreuses innovations techniques mais surtout esthétiques. Né à Liège et avec un esprit sans doute plus libre (malgré une éducation très stricte), Franck apporte un vent de fraîcheur dans un paysage musical où la facilité l’emporte souvent sur l’inspiration. Son écriture, à la recherche formelle très poussée, sait se nourrir d’elle-même dans des développements où le charme opère bien souvent.  Dans une époque où l’opéra était le genre dominant, César Franck a su notamment remettre la symphonie et la musique de chambre à l’honneur. Cette année 2022 sera sans nul doute propice pour redécouvrir ou faire plus ample connaissance avec ce grand nom de la musique classique. 



2 - Serge de Diaghilev (1872-1929) - né il y a 150 ans

Source : Serge de Diaghilev / Wikipedia

Même s’il n’a pas écrit une seule ligne de musique, Diaghilev mérite sa place parmi les compositeurs tant son apport au monde du classique est important. L’impresario a monté de nombreux spectacles comme ce Boris Godunov avec Chaliapine mais son nom reste pour toujours associé aux Ballets Russes qu’il fonde en 1907. La célèbre compagnie de danse apportera la modernité tant dans le mouvement chorégraphique que dans le choix des compositeurs. Le nombre de commandes est impressionnant : Daphnis et Chloé de Ravel, L'Après-midi d'un faune sur la musique de Debussy avec le scandaleux Nijinski, Parade de Satie (et les décors de Picasso) mais aussi des œuvres de Milhaud, Chabrier, de Falla, Prokofiev, Respighi, Poulenc et surtout Stravinsky et le fameux Sacre du printemps. Toute une histoire !



3 - Heinrich Schütz (1585-1672) - mort il y a 350 ans

Source : Heinrich Schütz / Wikipedia

La musique baroque allemande est dominée par la figure imposante de celui qui tutoie Dieu. Cependant, avant Johann Sebastian Bach, de nombreux compositeurs se sont illustrés comme Heinrich Schütz souvent surnommé le Monteverdi allemand. A la frontière entre la Renaissance et le baroque naissant, il a été élève de Giovanni Gabrieli à Venise (et peut-être de Monteverdi). Il compose de nombreux madrigaux et plusieurs passions principalement à Dresde où il est maître de chapelle de 1615 jusqu’à sa mort. On lui doit également le premier opéra allemand, une Dafne dont la partition a été hélas perdue. Comme Bach, Heinrich Schütz à étudieétudié l'orgue mais ses œuvres instrumentales ont également disparu.



4 - Alexandre Scriabine (1872-1915) - né il y a 150 ans

Source : Alexandre Scriabine / Wikipedia

Drôle de personnage que Scriabine ! Figure marquante du piano russe, le compositeur et instrumentiste de la fin du XIXème siècle est longtemps resté incompris des critiques et du public. C’est grâce aux artistes qui ont abondamment enregistré ses sonates que le compositeur s’est doucement imposé au répertoire. Sa personnalité originale de mystique de l'extase cache un parcours des plus intéressants. Son écriture d’abord romantique a quelque peu subi l’influence de Chopin pour ensuite pencher vers celle de Wagner dans sa recherche d’une œuvre d’art totale. A notre que dans ses compositions sont en germe la plupart des innovations du XXème siècle.  



5 - Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822) - mort il y a 200 ans

Source : Ernst Theodor Amadeus Hoffmann / Wikipedia

Offenbach en a fait le héros de son grand opéra Les Contes bien nommés d’Hoffmann mais le chef-d’œuvre a occulté l’homme sous le personnage. E.T.A. Hoffmann a bel et bien existé et il a eu beaucoup de succès comme écrivain. Plusieurs de ses œuvres sont passées à la postérité et l’on ne compte plus les opéras ou les ballets qui se sont inspirés de ses histoires : Cardillac de Paul Hindemith, Coppélia de Léo Delibes et surtout Casse-Noisette, chef-d’œuvre de Tchaikovsky. Si Hoffmann l’auteur est réputé, le compositeur l’est moins et pourtant on lui doit plusieurs opéras, des messes, une symphonie et cinq sonates pour piano.



6 - Ralph Vaughan Williams (1872-1958) - né il y a 150 ans

Source : Ralph Vaughan Williams by Hoppé 1921 / Wikipedia

De ce côté de la manche où on lui préfère largement Britten, il est peu de dire que les mélomanes ne sont pas vraiment familiers avec l’univers du compositeur britannique. Et pourtant l’élève du Royal College of Music qui a poursuivi ses études à Berlin avec Max Bruch puis à Paris auprès de Maurice Ravel a eu une éducation musicale européenne de tout premier ordre. Cependant, de retour sur le sol anglais, l’ilien explique dans ses écrits qu’il aspire à une musique nationale libérée de l’influence germano-italienne. Il est donc considéré par les musicologues comme l’exemple même du nationalisme musical en Angleterre. Même s’il a écrit de nombreuses œuvres de circonstance, ses symphonies valent qu’on s’y attarde. Isn’t it ?



7 - Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) - mort il y a 250 ans

Source : Jean Joseph Cassanéa de Mondonville by Maurice Quentin de La Tour / Wikipedia

Grâce aux travaux conjugués des musicologues et des musiciens, le narbonnais Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville n’est plus tout à fait un inconnu même si on ne sait pas grand-chose de sa formation. Violoniste virtuose, le contemporain de Rameau s’est illustré surtout avec ses motets qui remportent toujours un vif succès. Il entre comme musicien du roi avant de devenir son sous-maître de chapelle mais son nom est surtout associé au Concert Spirituel (l’organisateur de concerts publics hors Académie royale de Musique). Comme directeur artistique de l’institution et chef d’orchestre, il se serait produit 510 fois jusqu'à sa mort en 1772. Outre les motets, Mondoville a composé des sonates pour violon, des ballets, des oratorios et des opéras (dont Titon et l'Aurore), suffisamment d’œuvres pour entretenir l’intérêt des mélomanes en cette année anniversaire !



8 - Hugo Alfvén (1872-1960) - né il y a 150 ans

Source : Hugo Alfven by Marie Krøyer / © Søren Bie

Célébrer Hugo Alfvén nous rappelle que la Suède est un grand pays de musiciens et d’interprètes. Ce compositeur, chef d'orchestre et violoniste au parcours exemplaire en est l’un des meilleurs symboles. Tout d’abord instrumentiste dans la fosse du Kungliga Operan, il est professeur de composition au Conservatoire de Stockholm. Il écrit lui-même, bien évidemment, et après le beau succès critique et public de sa deuxième symphonie, il obtient des bourses pour étudier en Europe. Avec Berwald ou Stenhammar, c’est l’une des principales figures de la musique classique de son pays. Il laisse cinq symphonies et plusieurs œuvres pour orchestre comme la rhapsodie suédoise Midsommarvaka, de jolies mélodies mais pas d’opéra. Excellent aquarelliste, Alfvén est également reconnu dans le domaine de la peinture.



9 - Stanisław Moniuszko (1819-1872) - mort il y a 150 ans

Source : Stanisław Moniuszko Adolphe Lafosse / Wikipedia

Moniuszko n’est pas un nom très familier des mélomanes à moins qu’ils ne franchissent la frontière polonaise où là, il est considéré comme le plus grand compositeur d’opéras du XIXe siècle. A l’opéra national de Varsovie, la salle principale du Teatr Wielki porte son nom. L’ancien directeur de la maison a essentiellement écrit de la musique vocale dont plus de 300 Lieder, une douzaine d’opéras et autant d’opérettes. Célébrée aujourd’hui, la gloire nationale n’a pas toujours eu la reconnaissance officielle. Son opéra Halka, jugé trop subversif, a été créé à Varsovie longtemps après avoir connu le succès à Saint-Pétersbourg. Avec des études à Berlin, un voyage à Paris où il fréquente Auber et Gounod, Moniuszko s’inscrit bien dans l’Europe des compositeurs et ne demande qu’à se faire connaître en dehors de ses frontières.



10 - Iannis Xenakis (1922-2001) - né il y a 100 ans

Source : Iannis Xenakis / Wikipedia

Les origines de Iannis Xenakis sont bien grecques comme son nom le laisse supposer et pourtant le compositeur français est né en Roumanie. Il a été l’élève de Darius Milhaud et surtout d’Olivier Messiaen mais également, le collaborateur de Le Corbusier. Outre ses talents en musique, Xenakis a été ingénieur et architecte. Les aléas l’ont mené en Grèce (où il retourne après la chute des colonels), à Tanglewood aux Etats-Unis et à Londres (où il a été professeur) mais c’est bien à Paris où il a passé la plus grande partie de sa vie notamment auprès de son épouse, l’écrivaine Françoise Xenakis. Sa musique principalement basée sur des règles mathématiques est fortement inspirée des principes architecturaux comme de bien entendu. Les plus érudits pourront explorer ses thèses sur la musique stochastique.



Toute l’équipe de CCC vous souhaite une très bonne année 2022 !

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