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L’horreur s’empare de l’Opéra Comique

L’horreur s’empare de l’Opéra Comique

Bien sûr, il y a le grand répertoire, les belles productions et les immenses chanteurs mais un théâtre lyrique réserve aussi des surprises. A l’Opéra Comique de Paris, le mélomane ne s’attendait pas à voir tant d’horreurs ! Récit…

© Stefan Brion

© Stefan Brion

Avec des productions lyriques d’une qualité constante, à Paris, l'Opéra Comique nous a habitué à de très bonnes surprises, tout au long de la saison. Avec cette fois un spectacle complètement inattendu, il a enthousiasmé son public de nouveau. Ce mercredi 13 mars 2019, le rendez-vous était pris en début de soirée non pas devant l’entrée principale mais au 8 de la rue Marivaux. Comme des initiés qui se rendraient dans un lieu clandestin, les convives ont été invités à pousser la lourde porte 8 qui s’ouvre pour l’occasion sur une salle Bizet transformée en café-concert.

© Stefan Brion

© Stefan Brion

De jolies tables de quatre élégamment dressées attendaient les spectateurs avec une bouteille de champagne prête à être sirotée. Au programme, un récital pas tout à fait traditionnel les a plongés dans un univers tout à la fois inquiétant et hilarant. Que l’on imagine tout d’abord la salle baignée de lumières étranges et l’ambiance enfumée des films de série Z qu’il y règne avec des toiles d’araignées halloweenesques décorant les tables comme derniers éléments de ce cabaret horrifique. L’épouvantable tenancière qui vous accueille n’est autre que la fameuse metteure en scène et plasticienne Valérie Lesort, affublée d’une coiffure invraisemblable avec une main humaine sanguinolente comme serre-tête. Derrière son micro, elle assure les bruitages plus vrais que nature et accueille le premier chanteur avec les raucités glaçantes d’un cri de corbeau.

Les chanteurs trucident leur pianiste

© Stefan Brion

© Stefan Brion

L’impeccable Martin Surot au piano entame les notes pourtant familières de l’invitation au voyage de Duparc. Mais lorsque le baryton Lionel Peintre (rejoint bientôt par la soprano Judith Fa) commence son texte, les paroles sont tout autres. L’on reconnaît alors La Salsa du démon. Le ton est donné ! Jusqu’à la surprise finale que l’on ne révèlera pas, l’heure de spectacle passe à toute allure dans la grande tradition du Grand-Guignol avec apparitions de macchabés, sorcières, fantômes, cadavres et un pauvre pianiste suriné à plusieurs reprises.

Le faux sang coule et la magie du spectacle opère d’autant plus facilement qu’il est construit avec humilité. L’art de Valérie Lesort qui peut s’appuyer sur le talent de ses comédiens confine au génie lorsque simplement éclairé d’une petite lampe torche, elle fait tomber la neige sur son chanteur dans un moment de poésie pure. L’autre grande réussite du spectacle-cabaret réside dans la programmation judicieusement choisie des mélodies où cohabitent à merveille différents styles musicaux. De Rameau à Boris Vian, de Marie-Paule Belle à Kurt Weill avec un passage obligé par la danse macabre de Saint-Saëns ou l’impressionnant Erlkönig de Schubert, Lionel Peintre et Judith Fa promènent leurs talents de diseur avec une parfaite prononciation.

Les représentations de mars affichent déjà complet mais une reprise est attendue du 22 au 25 mai 2019. Pour passer un début de soirée comme un petit meurtre entre amis, cet horrible cabaret est tout simplement jouissif !

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