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À Monte-Carlo, Princier, le violoniste vole la vedette

À Monte-Carlo, Princier, le violoniste vole la vedette

La réputation de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dépasse les frontières de la Principauté qui ouvre, le temps d’un été, les portes du Palais princier pour accueillir des concerts de prestige. Mais qui fut vraiment souverain ?

OPMC (Sergey Khachatryan, Emmanuel Tjeknavorian) - concert Palais Princier © Emma Dantec

Accueillir les spectateurs dans la Cour d'Honneur du Palais de Monaco est le choix du Prince. Depuis 1959, les Grimaldi, protecteurs des Arts et de la musique classique, ouvrent en grand les portes à l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo qui finit là sa saison symphonique. Une poignée de concerts de prestige permettent aux mélomanes internationaux d’applaudir les grands noms du classique, comme Riccardo Muti la saison dernière, ainsi que la nouvelle génération. Jeudi 7 août 2025, le jeune chef Emmanuel Tjeknavorian a dirigé un programme Liszt et Strauss (Johann II et Richard) mais c’est pourtant Bruch qui a dominé grâce au violon inspiré de Sergey Khachatryan.

Élégants comme rarement ou sapés comme jamais, les spectateurs écoutent mieux

OPMC (Emmanuel Tjeknavorian, Sergey Khachatryan) - concert Palais Princier © Emma Dantec

L’apparat qui entoure les Concerts au Palais Princier pourrait être qualifié de désuet s’il ne plongeait pas les visiteurs dans une atmosphère hors du temps. Le port obligatoire de la veste et la cravate pour ces messieurs rappelle en effet une tradition perdue mais pas désagréable dès lors que l’on aime jouer le jeu de l’élégance, au moins pour la soirée. Des carabiniers du Prince vêtus de blanc aux appariteurs qui vous amènent solennellement à votre place d’un pas lent, tout concourt à la mise en scène de la soirée où le spectacle commence avant la représentation. L’orchestre installé sur les marches monumentales profite de l’architecture du lieu avec une très bonne acoustique de plein air où le son clair enveloppe suffisamment. Il est de plus en plus rare de trouver une réelle qualité d’écoute du public, surtout l’été, pour ne pas la remarquer lorsqu’elle est au rendez-vous. Les Monégasques sont attachés à leur bel orchestre qui joue plutôt la discrétion hexagonale. En ouverture, la première Mephisto-Valse de Liszt est un choix pertinent pour mettre en valeur les qualités des instrumentistes. Les parties solistes sont bien tenues notamment par Liza Kerob (violon solo supersoliste) et par le violoncelle solo. Les pupitres jouissent d’une belle cohérence dans les attaques même si l’on aurait aimé un peu plus de fièvre sous la flamme.

Rallye straussien de Monte-Carlo avec la victoire de Bruch

OPMC (Sergey Khachatryan, Emmanuel Tjeknavorian) - concert Palais Princier © Emma Dantec

Directeur musical de l’Orchestra Sinfonica di Milano, Emmanuel Tjeknavorian est aujourd’hui un jeune chef en vue après avoir été reconnu pour ses talents de violoniste. A 30 ans, sa baguette possède suffisamment d’assurance pour aborder Till Eulenspiegels lustige Streiche de Richard Strauss avec le ton espiègle qui convient. Rigoureux sans jamais sembler se prendre trop au sérieux, les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, très sollicités dans les parties solistes, répondent avec talent aux exigences de la partition. La direction de Tjeknavorian pourrait gagner en profondeur avec un jeu plus contrasté et une folie, trop bridée ici. Aborder le premier chef-d’œuvre symphonique de Strauss comme l’archi célèbre An der schönen blauen Donau de Johann Strauss II (dont on célèbre le 200ème anniversaire en 2025) expose à la comparaison. La pulsation cette valse et son rythme sont la colonne vertébrale de toute interprétation. A la fois trop et pas assez marqués, les tempos manquent de maîtrise pour pouvoir se laisser porter par les alanguissements de l’orchestre qui sonne fort beau. Dans le Concerto pour violon de Bruch, le chef un peu pataud se laissera ensuite emmener par son soliste sans marquer vraiment son interprétation. Il faut dire que le violon de Sergey Khachatryan cueille l’auditoire sur les premières notes sans jamais plus le lâcher. L’approche sensible est assez inédite car l’artiste choisit une épure et le détachement dès le premier mouvement comme un prélude à l’adagio qui laissera comme suspendu. Des pianissimos d’une rare subtilité vont jusqu’à l’à peine audible qui plonge dans un état de grâce. Même dans le dernier mouvement Allegro energico, Khachatryan entre dans la virtuosité sans jamais chercher l’effet, concentré sur un son pur, architecturé comme une cathédrale qui invite à lever le regard vers les cieux.  Ce soir sous les étoiles dans la Cour d'Honneur du Palais de Monaco, un prince était bien sur scène.

OPMC (Sergey Khachatryan, Emmanuel Tjeknavorian) - concert Palais Princier © Emma Dantec

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