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Les Demoiselles de Rochefort aussi fortes que les Bluebell Girls au Lido de Paris

Les Demoiselles de Rochefort aussi fortes que les Bluebell Girls au Lido de Paris

Même si les danseuses du Lido ont quitté la scène, de fameuses Demoiselles, elles aussi vêtues de paillettes, les ont remplacées. Le Théâtre du Lido qui accueille maintenant des comédies musicales fait-il toujours rêver ? Réponse…

Le Théâtre du Lido continue à accueillir les strass et les paillettes. Depuis l’arrêt de la revue qui a fait sa réputation, la salle mythique vole encore de succès en succès en mettant son impressionnante machinerie à disposition des grands titres de la comédie musicale. Habitué aux productions de luxe après son mandat remarqué au Théâtre du Châtelet, Jean-Luc Choplin convoque une fois de plus Michel Legrand et Jacques Demy pour des Demoiselles de Rochefort colorées. L’enchantement était bien au rendez-vous ce 27 novembre 2025.

Les Demoiselles de Rochefort ne font pas que les choses à Demy

On ne pénètre pas dans la jolie salle du théâtre du Lido sans penser aux revues qui ont enchanté des milliers de spectateurs, touristes venus du monde entier pour connaître le frisson et la féérie. Depuis 2022, le lieu mythique des Champs-Elysées en complète mutation n’est plus un cabaret mais le nouvel endroit où les publics se retrouvent. Les amateurs attirés par les grands titres rejoignent les Parisiens « j’aime rien » ravis de retrouver le panache des productions Choplin. Après Les Parapluies de Cherbourg au Châtelet puis Peau d’Ane à Marigny, il convoque une valeur sûre avec Les Demoiselles de Rochefort, même si le risque de décevoir n’est pas nul. En effet, le film de Jacques Demy et la musique de Michel Legrand continuent de susciter un engouement qui touche jusqu’aux demoiselles de la génération Z ou les jeunes hommes du millennial. La mise en scène de Gilles Rico est très réussie car elle évoque l’univers coloré de Demy dans les costumes chatoyants d’Alexis Mabille, tout en proposant une vraie comédie musicale qui regroupe théâtre, chant et danse. Les décors et l’habillage vidéo bluffant d’Etienne Guiol ne sont heureusement pas des copier-coller du film et participent pleinement à l’enchantement grâce à la machinerie spectaculaire du Lido. Le piano de Solange tournoie en avançant sur le plateau suffisamment grand pour accueillir les chorégraphies efficaces et parfaitement exécutées de Joanna Goodwin.

Monsieur Dame et les sœur Garnier en leur Palais…

Les spectateurs sont venus pour le divertissement et tout fonctionne pour leur donner un maximum de plaisir, à commencer par les comédiens-chanteurs impeccables. Seule erreur de distribution, Paul Amrani, souvent couvert par l’orchestre, est un cran en dessous vocalement dans le rôle d’Andy Miller (Gene Kelly dans le film). Alors qu’un soin a été apporté à la véracité des personnages, il est très étonnant de le voir ami avec le personnage de Simon Dame alors qu’il a l’âge d’être son fils. Subtil comédien, Arnaud Leonard (Simon) trouve l’émotion juste mêlée aux sourires de ses clins d’œil. Le rire s’invite souvent au cours de la soirée avec des jeux de mots revendiqués comme celui, fameux, sur « Monsieur Dame » qui continuent à générer les fous-rires. A « Chanter la vie, Chanter les rires et les pleurs » s’emploient des seconds rôles excellents comme les forains (également danseurs épatants), Aaron Colston et surtout Valentin Eyme qui chauffe la salle comme un beau diable charismatique. Tous les personnages ont leur partie qui permet de les apprécier comme Boubou, le petit frère espiègle et acrobate (Daniel Smith) ou sa maman Yvonne, joliment incarnée par Valérie Gabail, bien connue des scènes lyriques. Il convient de citer également Guillaume, le fiancé éconduit délicieusement détestable en clone d’Yves Klein, campé par Victor Bourigault, ou encore les personnages du bistrot de Madame Garnier, Subtil Dutrouz (débonnaire Alain Dion) et Josette (Agathe Prunel) la serveuse qui se révèle en danseuse enfiévrée. Mais même si l’ensemble forme troupe, Maxence et les sœurs se détachent d’une tête. La voix de David Marino est un pur bonheur de justesse et de musicalité. Même si un très léger accent s’invite dans les parties parlées, il est Maxence. Sophia Stern apporte une profondeur romantique au personnage de Solange Garnier. La belle mezzo possède une excellente diction, indispensable dans l’exercice de la comédie musicale où elle a toute sa place. Juliette Tacchino est l’évidence même en Delphine Garnier avec des répliques qui font mouchent et une parfaite conduite de la ligne vocale. Grâce à son charme et sa fantaisie, elle récolte tous les suffrages. L’on ressort de ce spectacle comme sur un petit nuage avec la musique (jouée live) en tête et des images plein les yeux. Ces Demoiselles de Rochefort… un enchantement !

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