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Mozart Pärt dans tous les sens avec un sacré chœur à la Philharmonie de Dresde

Mozart Pärt dans tous les sens avec un sacré chœur à la Philharmonie de Dresde

Dresde, le paradis du mélomane chante le Requiem de Mozart avec un chœur des plus étonnants. Des sopranos, des mezzos et pourtant aucune chanteuse sur scène à deux exceptions près. Explications…

Dresdner Kreuzchor & Dresdner Philharmonie © Huy Nguyen Quang / Die Sportwerk GmbH.

Même si les habitudes d’écoute ont évolué avec l’arrivée des instruments baroques, un chef-d’œuvre reste intemporel et peut s’entendre avec un orchestre moderne comme le Dresdner Philharmonie. Le 17 mai 2025, l’ensemble en résidence dans le célèbre Kulturpalast a proposé une nouvelle interprétation du célébrissime Requiem de Mozart, sous la direction de Martin Lehmann. Le Kreuzkantor du sublime Dresdner Kreuzchor a choisi l’originalité en intercalant à la partition bien connue des pièces du compositeur contemporain Arvo Pärt. Dans un style patchwork, le concert aura eu pour effet de renouveler l’attention et surtout aura permis d’admirer tous les intervenants et en particulier quelques solistes comme la soprano Katharina Konradi.

Arvo Pärt complète le Requiem de Mozart !

Dresdner Kreuzchor © Huy Nguyen Quang / Die Sportwerk GmbH.

Le Dresdner Philharmonie est, avec la Sächsische Staatskapelle Dresden, l’une des grandes formations orchestrales d’Allemagne qui font la réputation de la ville de Dresde et renforcent sa richesse culturelle. En formation réduite à une quarantaine de musiciens (un orchestre Mozart, bien nommé), il a parfaitement servi la partition de Mozart mais sans faire injure aux artistes, on peut dire que ce soir, ils étaient plus dans un rôle d’accompagnateur que véritablement au premier rang. Même dans les parties instrumentales de Pärt, excepté le percussionniste très investi, ils n’ont pas brillé à outrance. Et d’ailleurs, la direction de Martin Lehmann n’appelle pas de commentaires particuliers car elle suit les partitions et la divine écriture de Mozart (et consort) dans une tradition sans aspérité et un respect agréable. Le chef est avant tout le Kreuzkantor (équivalent français d’un maître de chapelle) du Dresdner Kreuzchor, l’un des chœurs de garçons les plus anciens et sans doute, le plus prestigieux d’Allemagne. Depuis plus de 800 ans, les jeunes de 9 à 19 ans suivent une éducation musicale qui leur permet d’atteindre des sommets de beauté. Les parties mezzo et soprano chantées par des voix d’enfants sont certes moins expressives qu’à l’accoutumée mais l’homogénéité des timbres offre une matière sonore esthétique qui flirte avec le sublime.

Quand Katharina Konradi nous emmène au paradis

Krešimir Stražanac, Patrick Grahl,  Marie Henriette Reinhold,  Katharina Konradi, Kreuzkantor Martin Lehmann - Dresdner Kreuzchor & Dresdner Philharmonie © Huy Nguyen Quang / Die Sportwerk GmbH.

Sautant de Mozart à Pärt, les spectateurs sont chahutés mais leur attention toujours sollicitée. L’un des grands moments de la soirée aura été Peace Upon You Jerusalem, cette pièce a cappella d’Arvo Pärt où la note tenue des sopranos, impressionnante et absolument magnifique, laisse sans voix ! Dans le Requiem de Mozart la partie soliste également très homogène a cependant permis d’apprécier différemment quatre belles voix. Légèrement en retrait, la mezzo Marie Henriette Reinhold possède un timbre agréable pour la musique sacrée. Nuancé, le ténor Patrick Grahl a débuté sa carrière comme membre du Thomanerchor de Leipzig, autre célèbre chorale. Que ce soit dans Bach ou dans Mozart, comme sa partenaire mezzo, il remplit son office avec les moyens vocaux adéquats. Krešimir Stražanac et Katharina Konradi possèdent toutefois ce petit plus qui fait qu’on les remarque davantage. En effet, ils vivent le texte et cet atout fait la différence. La solide basse croate fait sensation dans ses parties comme la soprano qui ponctue la partition avec des aigus cristallins. Même si les mélomanes ont déjà été enchantés par la voix de Katharina Konradi, elle irradie dans le Requiem de Mozart porté par une interprète qui a compris que la musique, même religieuse, s’incarne avant tout. Le chef-d’œuvre inachevé de Mozart a été conclu non pas par un Libera me mais par le planant Da pacem Domine signé Arvo Pärt, nous laissant au paradis quelques instants encore…

Krešimir Stražanac, Patrick Grahl,  Marie Henriette Reinhold,  Katharina Konradi, Kreuzkantor Martin Lehmann - Dresdner Kreuzchor & Dresdner Philharmonie © Huy Nguyen Quang / Die Sportwerk GmbH.

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