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Salle Favart : nouvelle jeunesse avec Alcione

Salle Favart : nouvelle jeunesse avec Alcione

Après 20 mois de travaux, la salle Favart est enfin rendue aux mélomanes. La sécurité a été améliorée, les luminaires changés et surtout, l’air conditionné a fait une entrée invisible mais appréciée avec 850 bouches d’aération bien cachées. L’on remarque ici ou là par petites touches les détails de la décoration remis en valeur mais tout reste familier (notamment ce « nouveau » rouge Favart), à commencer par la pertinence de la programmation. Avec Alcione mis en scène par Louise Moaty et dirigé par l’éminent Jordi Savall, l’Opéra Comique nous offre ce soir du 24 avril 2017, un spectacle de réouverture assez exemplaire de ce qui a forgé sa belle réputation ces dernières saisons.

© Vincent Pontet

© Vincent Pontet

L’opéra de Marin Marais reste une œuvre des plus illustres mais n’était vraiment connu que des mélomanes historiquement informés. Pour cette énième parfaite redécouverte, Comique a construit la production comme il se doit en faisant appel à la baguette experte de Jordi Savall. L’on doit au grand chef catalan la renaissance de cette musique grâce au film d’Alain Corneau, Tous les matins du monde (faut-il le rappeler ?). Même si le théâtre manque parfois dans la direction, le raffinement de l’orchestre Le Concert des Nations permet d’apprécier pleinement les beautés de la partition. Le répertoire baroque fait partie de l’ADN de Favart et l’on ne dira jamais assez à quel point les dimensions de la salle sont idéales pour cette musique. 

Pari réussi pour Lea Desandre

Sur scène, l’on retrouve avec plaisir des artistes familiers. Une fois encore, Marc Mauillon s’est tout particulièrement illustré dans le rôle de Pélée grâce à une diction exemplaire, un art du chant « madrigalesque » et toujours ce talent d’acteur tout en finesse. Cyril Auvity semblait parfois en difficulté. On mettra la légère défaillance sur le compte de la première car le ténor a toujours représenté une évidence dans la tessiture si particulière du haute-contre français. Audacieuse ou téméraire, la gracile Lea Desandre (récemment couronnée par une Victoire de la Musique, catégorie Révélation Artiste Lyrique) faisait ses réels débuts sur une scène d’envergure. La voix de la jeune mezzo de 23 ans est encore petite mais le pari semble réussi car l’artiste nous a réservé de beaux moments de théâtre et de chant. Passons sur le français et la voix débraillée d’Antonio Abete, la seule réelle fausse note d’une distribution globalement satisfaisante comme avec la jolie présence de Hanna Bayodi-Hirt ou de Sebastian Monti. Lisandro Abete a forcé le trait dans le double rôle de Pan et Phorbas et ne semblait pas à sa place tout comme Hasnaa Bennani, bizarrement distribuée dans la méchante Ismène, rôle à l’opposé de la personnalité de sa belle voix.

A la mise en scène, Louise Moaty a le mérite de garder l’esprit du grand spectacle. Grâce à une troupe de circassiens, elle envoie en l’air figures allégoriques et démons à l’aide d’un savant dispositif visible de cordes et de poulies. Avec un plateau nu, les décors évoquent plus qu’ils ne figurent. L’ensemble est impressionnant surtout lorsqu’il représente l’antre des magiciens de l’Acte II mais la répétition des numéros des talentueux monte-en-l’air finit malgré tout par lasser. Lorsqu’au tableau final, les artistes esquissent quelques pas, l’on réalise que la danse manque pour compléter l’évocation du grand style baroque, au cœur de ce bon spectacle qui marque un retour réussi dans la merveilleuse Salle Favart.

Le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui traîne ses danseurs dans la boue à Wolfsburg

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L’Orchestre de Bretagne et la conquête Dumont à Gaveau

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