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« Best Macbeth ever! »* au Festival d’Opéra de Savonlinna

« Best Macbeth ever! »* au Festival d’Opéra de Savonlinna

Avec comme cadre majestueux un château du XVe siècle, le Festival d’Opéra de Savonlinna, l’un des grands rendez-vous lyriques de l’été, s’enorgueillit de proposer la meilleure production du Macbeth de Verdi de tous les temps. Vérification…

Gabriele Viviani (Macbeth), Johan Krogius (Macduff) © Toni Härkänen / Savonlinna Opera Festival

Le Festival d’Opéra de Savonlinna n’a pas attendu la reconnaissance des International Opera Awards qui lui ont décerné le prix du meilleur festival en 2024 pour être l’une des destinations lyriques incontournables de l’été. Après la première édition de 1912 et chaque saison depuis 1967, les festivaliers retrouvent le cadre magique de la forteresse d’Olavinlinna. Avec un mur de pierre comme toile de fond et l’absence de dégagements pour les décors, la cour intérieure à l’acoustique parfaite pose quelques défis aux metteurs en scène mais peut également offrir de fantastiques opportunités. Ce 9 juillet 2025, avec le Macbeth de Verdi, le lac de Pihlajavesi qui entoure le château médiéval a pris des airs de loch écossais et les superbes forêts de bouleau, de Dunsinane Hill. Au répertoire depuis 1993, la production de Pet Halmen, en tout point idéale, s’est révélée un cauchemar de rêve et ce, malgré un désistement dans la distribution vocale.

All hail, Lady Macbeth, that shalt be queen of the Opera hereafter! **

Saioa Hernández (Laby Macbeth) © Toni Härkänen / Savonlinna Opera Festival

Les mélomanes qui attendaient Ludovic Tézier dans le rôle-titre n’ont toutefois pas été déçus par Gabriele Viviani, autre grand Macbeth actuel. Même si le baryton italien ne possède pas la même aura vocale que son camarade français, son incarnation du personnage falot, tourmenté et dépassé est satisfaisante grâce aux couleurs grises de son chant et l’éventail d’expressions qui caractérisent une approche théâtrale à la fois traditionnelle et complexe. Dans son grand air final, le seul de toute la partition, la voix se libère avec démonstration. Verdi aurait pu nommer son opéra « Lady Macbeth » car le personnage se taille la part du lion avec des arias impressionnantes comme celles dévolues à Abigaille dans Nabucco. L’anecdote est bien connue, le compositeur souhaitait une voix laide et monstrueuse. Le reproche qu’il a adressé alors à La Tadolini « aux qualités trop grandes » peut s’appliquer à Saioa Hernández aujourd’hui. La soprano possède assurément des moyens impressionnants et une santé vocale admirable mais elle n’est pas une Lady Macbeth telle que voulue par Verdi. Il convient néanmoins de saluer la démonstration de puissance qui procure des frissons même si certains pianissimos attendus font défaut. Bien que plus anecdotique, Banquo est campé avec autorité et sens dramatique par Goran Juric, un familier du rôle qu’il habille de belles nuances. En Macduff, Johan Krogius, jeune ténor qui a remporté le concours de chant Timo Mustakallio à Savonlinna en 2021, est encore vert pour affronter l’orchestre verdien. Il s’en sort toutefois mieux que son comparse Andrea Galli, bien inaudible Malcolm…

Le bouleau de Ralf Långbacka qui cache la forêt de Dunsinane Hill

Gabriele Viviani (Macbeth) © Toni Härkänen / Savonlinna Opera Festival

L’autre acteur vocal d’importance de Macbeth est le chœur, très présent et essentiel dans la dramaturgie. Les artistes du Festival d’Opéra de Savonlinna sont à couvrir d’éloges et tout particulièrement les sorcières, remarquablement impliquées et parfaites actrices. Dans la mise en scène de Ralf Långbacka, elles attendent le spectateur, cachées sous une immense couronne posée sur le plateau. L’élément de décor restera attaché aux cintres comme une épée de Damoclès, obsession et moteur de déchéance pour le couple infernal. Il suffit de quelques objets pour habiller le plateau comme un lit pour figurer la chambre de Lady Macbeth, un trône, une table de banquet ou un autel d’où surgit le spectre effrayant de Duncan. L’apparente simplicité de la scénographie se révèle une évidence à chaque tableau. Le metteur en scène sait qu’il a un élément idéal, le château d’Olavinlinna décor de rêve et de cauchemar pour Macbeth. La lecture fidèle n’escamote jamais les difficultés de la pièce inspirée de Shakespeare. Même si le couteau fantôme est vu seulement par Macbeth, la forêt de bouleaux toute proche rejoint bien la forteresse et les rois qui succèderont à Duncan surgissent de toute part, les uns derrière les autres. Ces effets produisent une forte émotion comme lorsque son tout jeune fils, bientôt sacrifié, chante d’une voix fluette au milieu de l’horreur. Le théâtre est partout sur scène et également dans la fosse. Dès l’ouverture, la direction survitaminée de Lorenzo Passerini emmène l’orchestre du Festival, impeccable, dans le fantastique, le grotesque et l’étrange avec maestria jusqu’à la dernière note. Comme l’a déjà écrit un critique inspiré, ce « best Macbeth ever ! » est en effet, la meilleure production du chef-d’œuvre qu’il nous ait été donné de voir.

 * « Le meilleur des Macbeth ! »

** « Salut à toi, Lady Macbeth, désormais souveraine de l’Opéra ! »

Turandot cauchemardesque à Savonlinna

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Canicule à Paris et le feu à Bastille allumé par Carmen et les Voix des Outre-mer

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