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Akram Khan signe une bouleversante Giselle à l’Opéra d’Anvers

Akram Khan signe une bouleversante Giselle à l’Opéra d’Anvers

Tous les amateurs de danse le savent déjà, Akram Khan est un génie. Mais lorsqu’il s’attaque à Giselle, le chef-d’œuvre du ballet ultra classique, l’on peut s’interroger. Les Wilis vont-elles le dévorer tout cru ? Réponse…

Nancy Osbaldeston dans Giselle © Filip Van Roe

Nancy Osbaldeston dans Giselle © Filip Van Roe

La rencontre entre Giselle, le chef-d’œuvre du ballet romantique et Akram Khan, le captivant chorégraphe contemporain avait de quoi surprendre surtout lorsque l’on connait l’univers très personnel du danseur de génie. Créée en septembre 2016 par l’English National Ballet en coproduction avec le Sadler’s Wells et le Manchester International Festival, la Giselle d’Akram Khan revit sur les scènes de l’Opera Ballet Vlaanderen depuis octobre 2018. Avec les premières à Gand, la troupe du Ballet Vlaanderen (le Ballet Royal des Flandres) s’est emparée de la chorégraphie pour se produire ensuite à l’Opéra d’Anvers, comme lors de cette représentation du 2 novembre 2018.

Pour la première fois (sauf erreur), le spectacle quitte sa compagnie d’origine pour s’installer au répertoire d’un autre ensemble, reconnu pour son éclectisme et également pour l’excellente tenue de ses danseurs. Ce choix judicieux s’inscrit dans une politique originale menée depuis 2015 par le rayonnant directeur artistique de la compagnie, l’anversois Sidi Larbi Cherkaoui.

Découvrez le teaser du spectacle :

Le chorégraphe de génie Akram Khan face à un mur

En restant curieux et sensibles à toutes les influences, les deux artistes (ensemble sur scène dans Zero Degrees en 2005) possèdent la même ouverture d’esprit qui leur permet de traduire leur danse en un langage universel. Même si le kathak indien, grande spécialité d’Akram Khan, n’est jamais bien loin, le chorégraphe opère une fusion magique entre différents styles qui s’intègrent naturellement dans son oeuvre.

La compagnie accomplit ici un travail remarquable avec au premier plan Nancy Osbaldeston dans le rôle bouleversant de Giselle. Les grandes lignes du livret sont respectées avec une actualisation poignante. La douce héroïne n’est plus une pauvre villageoise abusée par le prince Albrecht mais une victime des migrations qui se heurte à un mur, au sens propre. Désarmé à l’image d’une Humanité compatissante, l’amoureux sincère (superbe Claudio Cangialosi), paumes ouvertes en signe d’impuissance ne pourra sauver Giselle.

Comme dans la version originale, l’acte II s’ouvre sur le ballet des Wilis, un véritable tour de force où explose le génie du chorégraphe. La reine Myrtha (parfaite et impressionnante Nini de Vet) danse sur pointes et oblige l’héroïne à faire de même pour parachever la transformation de la jeune fille en fantôme.

Nouvelles révélations sur la mort tragique de Giselle

© Filip Van Roe

© Filip Van Roe

Avec un subtil usage de toutes les techniques (et une audacieuse citation de Coralli et Perrot, les créateurs du ballet classique), la danse n’a plus de frontière et s’offre tout entière à la narration. Akram Kahn introduit des flash-back saisissants qui ouvrent de nouvelles perspectives. La mort de Giselle est représentée de nouveau dans l’acte II mais l’on y voit cette fois la jeune fille succomber aux coups d’Hilarion, le rival éconduit (Daniel Domenech tout en force mais souvent décalé dans les ensembles). Des images inoubliables du corps disloqué restent comme dans la scène suivante où la danseuse passe sans vie dans les bras de son amant éploré, dans un pas de deux déchirant.

Les longs cheveux des Wilis effrayantes rappellent les figures fantastiques des films asiatiques. Les costumes sont signés du designer Tim Yip à qui l’on doit également un décor imposant évoquant un mur, une frontière ou le quai d’un bassin. La force de la danse est renforcée par la musique d’Adolphe Adam (dirigée par Dominic Grier) entièrement revisitée de façon hypnotique par Vincenzo Lamagna.

Avec Giselle, le maître Akran Kham signe une nouvelle chorégraphie coup de poing, accueillie à Anvers par une standing ovation. Le spectacle universel pourrait sans aucun doute faire les beaux soirs d’autres grandes compagnies de ballet…

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