image menu.png
Michel Pignolet de Montéclair - Jephté

Michel Pignolet de Montéclair - Jephté

Sortie le 6 mars 2020 sous le label Glossa

Jephte.jpg

Grâce à Hippolyte et Aricie, les mélomanes sont devenus familiers de la prose de l’abbé Simon-Joseph Pellegrin. Avant d’être sollicité par le dijonnais pour ce premier chef-d’oeuvre, le librettiste a connu un succès considérable avec Jephté, la tragédie tirée de l’Ecriture sainte en un prologue et cinq actes composée par Michel Pignolet de Montéclair. Comme souvent, l’ouvrage le plus joué de tout le siècle est tombé inexplicablement dans un quasi-oubli. Le livret est pourtant palpitant. Rappelant un scénario à la Idoménée, un père est obligé de sacrifier sa fille au grand désarroi de la mère et de l’amant. Il est dit que Rameau lui-même aurait reçu un choc esthétique en découvrant le prologue de Jephté. La réalité est sans doute différente comme on peut le lire dans le passionnant livret d’accompagnement, rédigé par le brillant musicologue Benoît Dratwicki. Le Centre de musique baroque de Versailles dont il est l’actuel directeur artistique est coproducteur du projet avec le Müpa de Budapest où a eu lieu l’enregistrement en mars 2019.

L’esprit français de Hongrie

L’ouvrage a déjà eu les honneurs du disque grâce au défricheur William Christie et trouve une nouvelle actualité avec cette parution que l’on doit au talent de György Vashegyi. Christie ayant opté pour la première partition connue, la troisième version (a priori éditée telle que Montéclair l’aurait voulue) choisie par le chef hongrois ne fait pas doublon, bien au contraire. Après un remarquable Hypermnestrede Gervais, Vashegyi continue un parcours sans faute à la tête de son Orfeo Orchestra qui sonne résolument français et du Purcell Choir toujours aussi impressionnant et parfaitement intelligible. Le travail du chef représente peut-être même l’intérêt majeur de la parution. A la fois théâtrale et sensible, sa direction capte souvent l’attention même si sa distribution vocale n’est pas en reste. 

Des voix royales

Le couple royal est campé par Tassis Christoyannis (Jephté) et Judith van Wanroij (Almasie). En acteur-chanteur accompli, le baryton (ou plutôt basse-taille dans ce répertoire) se montre une nouvelle fois vaillant et émouvant avec un timbre au jolies couleurs paternelles. Plus tranchée, la voix de Judith van Wanroij rappelle les grandes tragédiennes baroques. Elle habite facilement son personnage qui s’impose à chaque apparition avec ce timbre souverain. L’émission fluctuante de Chantal Santon Jeffery (Iphise) accroche parfois l’oreille même si la belle artiste se montre elle aussi émouvante à souhait. Dans le rôle d’Ammon, Zachary Wilder manque encore de naturel dans une tessiture qu’il dominera sans aucun doute car il reste un talent à suivre. Aucune réserve en revanche pour Thomas Dolié (Phinée) qui existe au-delà d’un rôle moins important. A signaler également, Katia Velletaz, Clément Debieuvre et David Witczak aux courtes interventions remarquées. 

 

Brahms Intégrale Musique de Chambre - Vol. 6 – Quatuors à cordes, Quintette pour piano et cordes

Brahms Intégrale Musique de Chambre - Vol. 6 – Quatuors à cordes, Quintette pour piano et cordes

Louis-Gabriel Guillemain : Second livre de sonates en quatuor, œuvre XVII – Ensemble la Française

Louis-Gabriel Guillemain : Second livre de sonates en quatuor, œuvre XVII – Ensemble la Française