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Tableaux d'une exposition Picasso à la Philharmonie

Tableaux d'une exposition Picasso à la Philharmonie

La Philharmonie de Paris est une salle mondialement réputée pour son acoustique et pour l’excellence de sa programmation. Au rez-de-chaussée, d’autres espaces réservés aux expositions peuvent aussi créer la surprise. On croyait tout connaître de Picasso ! Et pourtant...

L'Aubade, Picasso (1965) © Studio Monique Bernaz - Succession Picasso 2020

L'Aubade, Picasso (1965) © Studio Monique Bernaz - Succession Picasso 2020

La Philharmonie de Paris, comme le Lincoln Center, ne se résume pas qu’à une seule salle de spectacle. La magique Salle Pierre Boulez, comme jadis la Cité de la Musique, braque l’attention alors que des manifestations autour de la musique se multiplient dans les nombreux espaces dédiés du vaste site. En liaison avec le formidable Musée de la Musique encore trop peu connu, le rez-de-chaussée du vaisseau amiral accueille régulièrement des expositions dont la réputation n’est plus à faire. D’abord annoncée en avril 2020, « Les Musiques de Picasso » a finalement ouvert ses portes le 22 septembre 2020 et se tiendra normalement jusqu’au 3 janvier 2021. Les vicissitudes de la Covid auront empêché un cycle de concerts consacré à l’événement de se tenir mais les œuvres sont bien présentes. Elles ont sagement attendu que les visiteurs sortent leur nez dehors (sous le masque) pour venir les découvrir.

Variations sur un même peintre

Arlequin à la guitare (1918) Pablo-Picasso ©  Succession Picasso 2020

Arlequin à la guitare (1918) Pablo-Picasso © Succession Picasso 2020

Pour la première fois, deux grandes institutions (Philharmonie et Musée national Picasso-Paris) ont travaillé de concert pour présenter un travail remarquablement mené par Cécile Godefroy, la commissaire de l’exposition. Plus de 200 œuvres (provenant d’Antibes, Barcelone, Berlin, Genève, Malaga, Madrid ou de Paris) sont ici mises en valeur dans une scénographie agréable et joyeusement didactique. Tout l’intérêt de la visite consiste en l’approche inédite et renouvelée. Les plus blasés auraient tort d’imaginer qu’il s’agit d’une énième variation sur le peintre superstar qui, paradoxalement, n’aimait pas la musique ! Sans être mélomane, le génie avait une fascination pour les instruments qu’il collectionnait non pas pour en jouer mais bien évidemment pour les représenter en peinture, dessin ou sculpture. Il possédait plusieurs dizaines d’objets en tout genre, guitares, luths, trompettes, tambours fang ou xylophone bala… qu’il est émouvant de découvrir regroupés sous verre, dans ce véritable instrumentarium.

Le travail du peintre, la vie de l’artiste

La Femme au tambourin (1939) Pablo Picasso  © Succession Picasso 2020

La Femme au tambourin (1939) Pablo Picasso © Succession Picasso 2020

Accompagnée par des sensations sonores via audiophone, la déambulation débute à Cannes, dans les jardins de la Californie restitués avec trois sculptures de flutistes, exceptionnellement réunies pour l’occasion. Nous sommes à la fois dans l’intimité de Picasso et dans l’analyse de son Œuvre. Deux tambourins peints nous rappellent son rapport à la tradition artistique. Il représente la musique comme d’autres avant lui avec déjà, de saisissantes figures comme ce masque d’un chanteur aveugle qui évoque la période bleue. Des musiciens des rues de Malaga, l’on passe à la figure d’Arlequin qui symbolise la vie de Bohème et les cafés-concerts parisiens avec, entre autres, un portrait de l’inimitable Yvette Guilbert. Le camarade Braque aime le classique, la musique de Picasso est populaire et festive. Elle se partage dans le brouhaha. Le cubisme amène sa révolution avec cette fameuse guitare vue sous tous les angles (ou serait-ce un violon ?). Les amitiés avec les artistes ne sont pas oubliées et l’on (re)découvre le portrait de Poulenc ou l’archet de Rostropovitch et également, une très belle section poésie avec Apollinaire. La Femme au tambourin ramène aux années 30 et au déchirement de Guernica avant de retrouver Pan et le superbe tableau, période rose, qui sert d’affiche à l’exposition à taille humaine. Avec les sections « Ballets » ou « Aubades », de nombreuses surprises attendent encore le visiteur curieux qui comprendra pourquoi Picasso a déclaré un jour : « Je crois que c’est pour ça que je n’aime pas la musique » !

Pas plus de 6 pour former un groupe !

Pas plus de 6 pour former un groupe !

Philippe Jordan déjà à Vienne avec Brahms

Philippe Jordan déjà à Vienne avec Brahms