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Voyage musical à bord de l’Orient-Express au Théâtre de l'Athénée-Louis-Jouvet

Voyage musical à bord de l’Orient-Express au Théâtre de l'Athénée-Louis-Jouvet

Après avoir séjourné à Istanbul, le mélomane rêve d’y revenir. Lorsque le Théâtre de l'Athénée-Louis-Jouvet lui propose un billet à bord de l’Orient-Express pour un voyage musical, il embarque. Carnet de route…

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Parmi les grandes « petites » salles parisiennes dédiées à la musique classique, le Théâtre de l'Athénée-Louis-Jouvet tient une place singulière et de première importance. La pertinence et l’originalité de sa programmation attirent un public nombreux et fidèle qui occupe facilement les 500 places de la salle, à chaque représentation.

Le concert du mercredi 17 octobre 2018 s’est inscrit dans cette lignée hors des conventions et bien rafraîchissante. Les mélomanes ont été conviés non pas à assister passifs à un récital de plus mais à prendre place à bord de l’Orient-Express pour suivre les rails d’un voyage en musique. Ils ont découvert la scène du Théâtre envahie de fumée rappelant les vapeurs, occupée par un piano à jardin et un cymbalum à cour. Au centre dans le fond est installée une petite table comme dans le wagon-restaurant. Les lampes art-déco qui occupent l’avant-scène complètent l’évocation du train mythique.

A la conception et à la direction artistique du projet, Hélène Thiébault a soigné les effets avec des éclairages suggestifs conçus par Begoña Garcia Navas et une bande sonore ad hoc imaginée par Claire Thiébault. De Paris à Constantinople, la musique fera le lien entre cette Europe tout à la fois Occidentale, MittelEuropa et Orientale avec autant d’étapes que de compositeurs.

Attention au départ !

Tout commence sur le quai de la Gare avec le bruit des calèches et au loin l’accordéoniste Myriam Lafargue qui entame discrètement quelques valses de Paris dans le brouhaha. Sous un grand chapeau Greenaway, l’on voit passer la silhouette de Dana Ciocarlie qui s’installe derrière son piano bientôt rejointe par le violoniste Gilles Apap, le contrebassiste Philippe Noharet et Ludovit Kovac au cymbalum.

La musique de Ravel prend alors le dessus avec un Rigaudon extrait du Tombeau de Couperin endiablé, le cymbalum et l’accordéon réveillant au passage les oreilles habituées à l’orchestre. Le choix des œuvres est ciselé et plonge le voyageur dans une atmosphère surannée avec notamment le 2ème mouvement de la célèbre sonate de César Franck. Face à l’impeccable piano de Dana Ciorcalie, le jeu atypique de Gilles Apap met l’équilibre du début en péril mais peu à peu le mystère s’installe et l’envoutement devient total. Annoncée par la voix de Denis Lefdup, l’étape Munich est illustrée par des Klavierstücke op. 118 de Brahms inspirés et impeccablement exécutés par la pianiste. Les musiciens en chemise blanche accueillent ensuite les spectateurs à Vienne sur des valses de Franz Kreisler. Avec un petit gilet bariolé, nous voici maintenant au pays du paprika.

Notre train s’arrêta finalement en gare de Venise

Budapest représente une étape intéressante qui laisse libre cours au cymbalum maîtrisé de Ludovit Kovac et au violon déchainé de Gilles Apap grimaçant dans la Tzigane de Ravel, dans un halo de lumière rouge diabolique. C’est cependant à Bucarest que le mélomane voyageur avide de découvertes trouve les paysages inconnus attendus avec l’Andantino cantabile de la Sonate de Georges Eenesco et surtout avec Cantec de Paul Constantinescu. Il est permis de s’ennuyer un peu en chemin car bientôt un cri strident retentit soudain, clin d’œil au Crime de l’Orient-Express.

Après la Bulgarie, la carte postale achève d’être complète avec une arrivée à Constantinople sur la marche turque de Mozart revisitée pour quintet, en mode oriental. Choisir une composition de Fazil Say aurait sans doute apporté une petite touche politique intéressante mais ce n’était pas le sujet. Le voyage s’est déroulé presque sans encombre jusqu’au bis final où le chemin a bifurqué vers Venise avec un extrait déjanté de l’incontournable Quatre Saisons de Vivaldi, nous rappelant au passage une autre étape de l’Orient Express. Aucune des voies de la musique classique n’est impénétrable, il suffit juste d’accepter l’invitation au voyage et de se laisser porter.

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