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L’Olympia initie aux Secrets du ballet

L’Olympia initie aux Secrets du ballet

Le mélomane fait parfois infidélité à son agenda rempli de dates dans les théâtres et opéras pour s’introduire dans une des salles de concerts parisiennes les plus mythiques. L’Olympia accueille la compagnie 3e étage à la découverte des Secrets du ballet…

Lucie Devignes et Florent Melac © Julien Benhamou

Pour une unique date, c’est au 28 boulevard des Capucines que la compagnie 3e étage a donné rendez-vous au public ce samedi 3 juin 2023. Impatients et trépignants de retrouver le danseur star, François Alu, les spectateurs accueillent les étoiles, solistes et danseurs de l’Opéra de Paris. Tout commence avec une voix off qui installe le ton humoristique du spectacle. L’on reconnait ici la patte des productions de la compagnie 3e étage, créée en 2004 et tournant dans le monde entier. Cette voix, c’est celle de Samuel Murez, fondateur de la compagnie, qui à la conception, direction artistique et narration de « Secrets du ballet » nous guide, déchiffre et expose, tout au long du spectacle, les chemins de réflexions autour du monde du ballet, de son histoire, de sa beauté, de ses répercussions, de toutes les émotions qu’il transmet et de sa possible évolution.

Le décryptage qui va crescendo

François Alu et Sae-Eun Park © Julien Benhamou

Le rideau s’ouvre sur un François Alu revêtu de la parure de Louis XIV. La narration de l’histoire du ballet peut alors débuter. Ce spectacle à vocation pédagogique présente les fondements de la danse classique pour un public a priori novice. Les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris, (Milo Avêque, Luna Peigné, Aurélien Gay, Rubens Simon, Théo Ghilbert, Seohoo Yun…) entrent en scène et, tour à tour, présentent au public les bases de la danse classique. Positions, port de bras, pirouettes, batteries, cabrioles, soubresauts… Grâce à ces clefs, les spectateurs découvrent trois Pas de deux issus du répertoire classique : la Belle au bois dormant dans une chorégraphie de Marius Petipa avec Luna Peigné et Francesco Mura, déterminés et précis. Florent Melac et Lucie Devignes brillent dans Roméo et Juliette magnifiquement interprétés, tout en délicatesse et connivence où passion et émotions saisissent la salle entière. François Alu, tant attendu, et Sae-Eun Park (que l’on retrouve avec plaisir sur scène après un congé maternité) offrent le pas de deux de Don Quichotte avec une virtuosité et une technique grandiose qui l’emportent sur l’émotion. Le public ovationne les diagonales et fouettés des deux étoiles jusqu’à faire gronder le sol de l’Olympia. Le deuxième acte apporte un regard critique sur le ballet grâce aux chorégraphies contemporaines de Samuel Murez. Les micros captent les sons du plateau avec seulement les voix des techniciens et le bruit des respirations, soupirs, gémissements des deux danseurs, Héloïse Jocquevial, (de retour après son départ de l’Opéra de Paris) et Florent Melac. Processes of Intricacy est une mise en abyme d’une répétition mêlant concentrations, frustrations et créations. Avec Chaconne, est soulevée la question des rôles féminins dans le répertoire des ballets classiques où les héroïnes sont souvent contraintes de remettre leur destin entre les mains des hommes. Sur scène un couple se cherche, se dispute et se retrouve. Pour reprendre possession de son existence, Lydie Vareilhes, accompagné d’Osiris Ngono, s’empare de la voix off et délivre un fort message, avec aisance et intensité. C’est au tour des hommes d’en prendre pour leur grade avec Quatre (Milo Avêque, Aurélien Gay, Théo Ghilbert et Rubens Simon), pièce qui expose l’égo surdimensionné que peuvent avoir les danseurs classiques, jusqu’à faire rougir une (mal)heureuse élue dans le public. Sauter plus haut, tourner plus vite, faire plus de tours etc. Une pièce rallongée spécialement pour ce spectacle mais qui finit par s’éterniser. Place au final, l’occasion de retrouver tous les danseurs dans les Variations Paganini et pour le rappel, François Alu, ici accompagné de Chun-Wing Lam, sur une satire sans langue de bois. Révèle-t-il ses vérités ou les vrais secrets du ballet ?

François Alu envoie des messages

Rubens Simon et Milo Avêque © Julien Benhamou

La nouvelle production de 3e étage offre une fenêtre neuve sur le monde de la danse classique jusqu’alors inaccessible. Le souhait de démocratiser la danse, de révéler ses coulisses, limites, défauts, et codes au plus grand nombre est clair. Le milieu créant fantasmes, rêves et magie, ce spectacle Secrets du Ballet s’adresse à tous, de tous âges, avec peu ou pas de connaissance sur le sujet. Le ton humoristique n’est pas pour déplaire au public détendu, se réjouissant de pouvoir applaudir quand le désir se manifeste sans ressentir de regards insistants dans la pénombre. L’atmosphère y est joviale et amusante et les interactions avec la salle font partie intégrante de la mise en scène. Avec des costumes de haute qualité, empruntés ou réalisés par les équipes de l’Opéra de Paris, et un travail conséquent de lumière, se sentir comme une petite souris (ou un petit rat) est alors possible. Pour les plus aguerris, c’est une chance de découvrir dans des rôles solistes les danseurs du Corps de Ballet de l’Opéra de Paris (Lucie Devignes, Lydie Vareilhes, Milo Avêque…) ou d’admirer de brillants danseurs (Sae-Eun Park, Florent Melac, Francesco Mura...). Et même si la grande institution française a influencé le travail de la compagnie 3e étage, son souhait d’émancipation du carcan classique est clairement ressenti. Les personnes souhaitant connaître et comprendre le monde du ballet ont été comblées et la curiosité les poussera maintenant à franchir les portes des salles de spectacle, théâtres et opéras pour voir et vivre la danse.

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