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Un bal de Sortilèges aux Ballets de Monte-Carlo

Un bal de Sortilèges aux Ballets de Monte-Carlo

Le mélomane averti est forcément un habitué du Rocher monégasque. Et lorsque sur une même scène, plus de deux cents artistes se réunissent pour mêler musique, opéra et danse, il se précipite sur les bords de la Méditerranée. Compte-rendu... 

Ballets de Monte Carlo, L'Enfant et les Sortilèges © Hans Gerritsen

Une soirée très significative ce mercredi soir, 20 décembre 2023, a eu lieu sur la pointe monégasque. Pour la commémoration du centenaire du prince Rainier III, Ravel, le compositeur qu’il aimait particulièrement, a été mis à l’honneur au Forum Grimaldi. La Valse chorégraphiée par Balanchine puis une création (ou plutôt une recréation) de L’Enfant et les Sortilèges de Jean-Christophe Maillot ont été programmés par les Ballets de Monte-Carlo. Un choix évident car c’est après la présentation de ce ballet que Maillot deviendra directeur de la célèbre compagnie de danse, en 1992, tissant un lien de plus en plus étroit avec le Prince Rainier III et la Princesse Caroline. Plus de trente ans après cet événement capital dans la vie artistique du chorégraphe, il propose une nouvelle création, haute en couleur et en féérie, du ballet sur le livret de Colette qui était elle aussi proche de la principauté.   

Les sortilèges provoquent une traversée enchanteresse 

Ballets de Monte Carlo, L'Enfant et les Sortilèges © Hans Gerritsen

Un caprice peut, à terme, être porteur de sens. C'est la découverte que l’enfant interprété par la danseuse Ashley Krauhaus dans son innocence et sa soif d’indépendance fera, sublimé par la soprano Cécile Madelin (placée sur le côté comme l’ensemble des rôles chantés). Après les réprimandes et la crise de colère, très vite l’univers de Jérôme Kaplan, aux costumes et à la scénographie, explose de nuances et de splendeurs qui réveillent l’enfant à l’intérieur de chacun de nous tout en suscitant l’admiration. Le conte à la fois merveilleux et cruel fait défiler les animaux et les créatures sous les lumières de Dominique Drillot. L’on remarque les quatre tasses (Lydia Wellington, Kathryn McDonald, Ekaterian Mamrenko et Taisha Barton-Rowledge) moqueuses et espiègles et les Grenouilles qui rappellent l’affiche de la production ainsi que les oiseaux et les feuilles mais c’est l’écureuil interprété par Anissa Bruley (rôle décisif du livret de Colette) qui retient l'attention. Le monde féérique est magnifié par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par David Molard Soriano. Le chœur de l’Opéra de Monte-Carlo et les artistes de l’Académie Lyrique (créée par Cecilia Bartoli pendant la saison 202/2024) traduisent également toute la pertinence de la partition de Ravel. L’expérience offerte par les deux-cent-quarante artistes en résidence à Monte-Carlo est totale avec cette nouvelle création de Jean-Christophe Maillot qui porte un message, le voyage merveilleux et féérique autour de l’enfance s’entendant également comme une alerte en fort parallèle avec l’état de notre nature. 

Une valse fameuse au bal de Balanchine  

Les Ballets de Monte-Carlo, La Valse © Alice Blangero

Dans un contexte de tension entre Diaghilev et Ravel, la création de la première chorégraphie de L’Enfant et les Sortilèges a été confiée au célèbre maître de ballet russo-américain mais, à ce jour, il ne reste aucune trace de la chorégraphie. En première partie de programme, Balanchine avait une place légitime et c’est La Valse, créée pour le New York City Ballet en 1951, qui a été judicieusement choisie. Déjà à l’affiche des Ballets de Monte-Carlo en 1994, sa scénographie comme son héritage artistique ont été préservés par la grande répétitrice Patricia Neary. Aucun doute, le style de l’incontournable chorégraphe est parfaitement reconnaissable dans des scènes de bal qui mettent à l’honneur les prétendantes plutôt que leurs cavaliers. La Deuxième Valse, interprétée par Katrin Schrader, Juliette Klein et Chelsea Adomaitis figure le glamour du bout des bras. Queues de cheval virevoltantes, l’on retrouve le rythme soutenu, les courses et les demi-pointes si propres à l'artiste. Le ballet qui danse avec la mort ne fait pourtant pas transparaître le dramatique. Lou Beyne et Jaat Benoot réveillent cependant les sentiments d’effroi et d’émerveillement qui rythment l’entièreté de cette soirée Ravel en tout point exceptionnelle. 

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