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Portrait du chorégraphe Mehdi Kerkouche, malédiction ou cadeau du ciel ?

Portrait du chorégraphe Mehdi Kerkouche, malédiction ou cadeau du ciel ?

En courant de salle en salle, les mélomanes peuvent tomber sur des affiches qui attisent leur curiosité. À la Scala de Paris, Portrait de Mehdi Kerkouche est l’une d’entre elles, le chorégraphe ouvrant l’album de famille pour eux. Explications...

Portrait  de Mehdi Kerkouche © Julien Benhamou

Portrait de Mehdi Kerkouche revient dans la ville lumière. Après une première présentation au Festival Suresnes Cités Danse en janvier 2023, un passage au Festival Off d’Avignon puis à Chaillot-Théâtre national de la Danse, la pièce s’installe à La Scala Paris pendant cinq semaines, du 4 octobre au 5 novembre 2023. Suite à son succès fulgurant pendant le confinement avec On danse chez vous !, Kerkouche, danseur depuis son plus jeune âge, partage talent et créativité sur toutes les scènes. L’on se souvient, par exemple, de sa puissante création Et si pour les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris. Multipliant les projets créatifs, il a chorégraphié la dernière tournée de la chanteuse pop belge Angèle. Depuis le 1er janvier 2023, il a retrouvé les rues d'une ville qu’il connaît bien en prenant la direction du Centre Chorégraphique national de Créteil et du Val-de Marne. Dans Portrait, Mehdi Kerkouche continue son travail de recherche sur le collectif et propose une pièce pour neuf danseurs autour du thème de la famille.

Le groupe, une énigme

© Mehdi Kerkouche by Julien Benhamou

Les membres d’EMKA (sa compagnie créée en 2017) se livrent en effet au jeu du « portrait de famille » abordant toute sa complexité. Bercés par la musique de Lucie Antunes, huit danseurs d'âge différents entourent, immobiles, la grande danseuse Amy Swanson vêtue de blanc. Les corps se réveillent peu à peu permettant aux spectateurs d’apprendre à connaitre chacun d'entre eux. Regards soutenus, les corps s’animent et s’unissent jusqu’à former un clan. La dynamique de groupe prend place et les membres s’attachent, se poussent, se lient, se séparent. Tour à tour, en duo, en petit groupe, les huit artistes jaillissent sur une ligne, un fil et offrent mouvements vers l’avant, vers l’arrière, tombent, se relèvent, s’attirent, s'éloignent. Les relations se créent et l’on décèle peu à peu une pluralité disparate. Comment ne faire qu’un tout en existant dans sa singularité ? Chercher le contact de l’autre tout en voulant le rejeter, vouloir plaire, vouloir être vu, tels sont les ressentis que suggère la chorégraphie. Rien n’est noir, rien n’est blanc, tout est gris, jusqu’aux costumes des danseurs. La toupie de la vie emporte Matteo Gheza dans un tourbillon infernal de lutte, de douleur, de halètements, d’inconfort, de détresse. Le souffle coupé, le choc du spectacle est là. Le danseur s’effondre dans les bras de ladite famille et sous les lumières rouges orchestrées par Judith Leray provoque des sanglots dans la salle. Entrainé par le chant de Killian Vernin introduisant Curtains d’Elton John, le groupe prend son rôle de soutien et redonne énergie au plus faible. Place alors aux rires, aux cris, aux sourires, aux affrontements, place à la vie !

"On ne choisit pas sa famille”

Portrait de Mehdi Kerkouche © Julien Benhamou

Portrait dépeint les relations familiales, un sujet qui parle à tous. Pendant cette heure de spectacle, chacun peut y trouver un écho et se retrouver dans un regard, un geste, une émotion. La chorégraphie est claire et intense. Arrêts sur image, répétitions de mouvements maitrisés, l’exercice de représenter la complexité des dynamiques des individus au sein d’un groupe lié (mais pas par choix) fonctionne. Le dernier tableau assied le thème en accentuant les notions d’hérédité et de transmission sans toutefois apporter la même surprise. Issus de la danse contemporaine, du hip-hop et du break, chaque danseur d’EMKA (Micheline Desguin, Jaouen Gouevic, Lisa Ingraud Loustau, Shirwann Jeammes, Sacha Neel, Titouan Wiener Durupt, Amy Swanson, Matteo Gheza et Killian Vernin) apporte une singularité que l’on aurait aimé découvrir davantage dans des solos. Portrait s’inscrit dans la ligne créatrice de Mehdi Kerkouche qui parle et provoque une véritable pulsion d’énergie. Nouvelle réussite qui ne fait qu’attiser l’intérêt pour ce grand chorégraphe d’aujourd’hui. En un mot : encore !

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