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Asmik Grigorian la nouvelle étoile de l’Instant Lyrique

Asmik Grigorian la nouvelle étoile de l’Instant Lyrique

Cette fois-ci, nous y sommes ! Les mélomanes sont de retour dans les salles de spectacles. Le premier grand temps fort de la saison parisienne a eu lieu Salle Gaveau qui a accueilli le premier Instant Lyrique de la nouvelle star. Explications...

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Ce n’est plus sous le ciel étoilé de l’Eléphant Paname que nous retrouvons les précieux « Instants Lyriques » mais dans le jaune bouton d’or de la Salle Gaveau. Après la fermeture définitive de l’espace rue Volney, la grande institution parisienne accueille maintenant le cycle de récital de grandes voix, renouant ainsi avec son glorieux passé.  Ce mardi 1er juin 2021, la salle à pleine capacité de sa jauge réduite a accueilli le premier récital public à Paris de l’étoile montante des sopranos, Asmik Grigorian accompagnée par Antoine Palloc au piano. Après des mois passés sur les écrans, les spectateurs ont enfin retrouvé les sensations et surtout l’immédiateté de l’émotion uniquement ressentie « en présentiel » ! Comme l’a annoncé Richard Plaza son directeur artistique, cet Instant Lyrique est le cinquante-neuvième de la série et le tout premier Salle Gaveau.

Pas de Lisa mais Tatiana à la place

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Asmik Grigorian a connu un début de carrière remarquable. Invitée régulière du Festival de Salzbourg, elle fait sensation partout, Amsterdam, Barcelone, Londres, Milan, Vienne... Sans la pandémie, les spectateurs du Palais Garnier aurait pu l’applaudir en mai dernier dans la nouvelle production de Dame de Pique, dirigée par Daniel Barenboim. Le rôle de Lisa viendra sans doute mais en attendant, l’artiste a entamé son récital avec Tatiana, autre grande héroïne de Tchaikovsky. En interprétant tout de go la scène de la lettre d’Eugene Onegin, Asmik Grigorian déploie de grands moyens vocaux et retrouve quelques expressions scéniques qui nous avait tant impressionnés dans le spectacle de Barrie Kosky au Festival d’Edimbourg. L’on retrouve la même implication émotionnelle dans le très bel air de Iolanta. Au piano, Antoine Palloc ne suggère pas l’orchestre, il l’incarne grâce aux nombreuses couleurs qu’il donne à son instrument. Avec un sens du théâtre et de la musique, le duo passe facilement à la partie mélodie avec trois très beaux Tchaikovsky. La soprano possède un timbre marqué qui résonne dans cette partie russe avec des sonorités idoines. La voix s’allège pour interpréter « Sred shumnovo bala » ou le célèbre « Net, tolko tot, kto znal » un des temps fort de la soirée, avant d’éclater avec un puissant aigu dans l’impressionnant « Snova, kak prezhde ».

Puccini : « tout est fini ! »

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Absolument à l’aise avec son public, Asmik Grigorian retourne aux airs d’opéra avec Puccini après avoir réclamé un verre d’eau. L’attaque « d’Un bel di, vedremo » est franche et les graves sont posés. Même si le suraigu est légèrement serré, voilà longtemps que l’on n’avait pas entendu une Butterfly aussi évidente. L’air de Manon Lescaut « Sola, perduta, abbandonata » montre l’adéquation avec ce répertoire et confirme surtout que la comédienne vibrante n’attend plus que la scène pour exprimer son talent. La phrase « tutto e finito » glace le sang avec le drame qui déborde sans que jamais l’on ne perde la ligne de chant. Le programme généreux est astucieusement construit avec une partie qui évoque les racines de la belle artiste. Même si Komitas est un nom qui apparaît parfois sur les programmes, le compositeur arménien Armen Tigranian et le lituanien Balys Dvarionas sont moins fréquentés. Avec une partition piano assez captivante, les longues phrases orientalisantes de la mélodie et les deux airs d’opéra ici interprétés sont des découvertes qui donnent envie d’en entendre plus. En bis, Morgen de Strauss et surtout « O mio babbino caro » (Gianni Schicchi de Puccini, enfin chanté par la jeune fille qui s’adresse à son papa) ont fini d’enthousiasmer le public qui s’est mis debout pour applaudir les deux artistes. Le magnifique piano d’Antoine Palloc a été l’écrin de ce nouveau diamant. Paris doit vite réserver une place dans sa saison à Asmik Grigorian, grande voix et évidente star de demain.  

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