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Aux Invalides, le concert des Victoires rescapé

Aux Invalides, le concert des Victoires rescapé

Une éclaircie pointe au bout du tunnel avec une reprise annoncée des concerts. En attendant, le mélomane fait feu de tout bois en s’accrochant aux ondes de la radio. Mais avant cela, il y a eu les bonnes vibrations des Invalides. Explications…

Concert des Révélations des Victoires © V. O. 

Concert des Révélations des Victoires © V. O. 

Contrairement au tout premier confinement français, avec des représentations à huis-clos, des opéras en streaming et les diffusions radio, la vie musicale ne s’est pas complètement éteinte à Paris. Le jeudi 3 décembre, la grande nef de la cathédrale Saint-Louis des Invalides a accueilli quelques critiques musicaux privilégiés pour assister au concert des révélations des Victoires de la musique classique 2020. Les Invalides poursuivent bon an mal an leur belle saison délaissant provisoirement le magnifique Grand salon, le temps que la situation sanitaire s’améliore. Sans billetterie, grâce au soutien du CIC, des événements ont pu être produits pour être rediffusés sur Radio Classique comme ce concert, programmé sur les ondes le 12 décembre prochain, à 21h.

Avec le parrainage de Claire Désert au piano, la soprano Marie Perbost, le ténor Kevin Amiel, Gabriel Pidoux au hautbois, Raphaëlle Moreau et Théotime Langlois de Swarte au violon ont offert un condensé éclectique avec des œuvres signées Mozart, Saint-Saëns, Donizetti, Hahn, Debussy ou Chostakovitch où ils ont fait preuve de talent.

Victoires aux sons des violons et hautbois

Gabriel Pidoux © Béatrice Cruveiller

Gabriel Pidoux © Béatrice Cruveiller

Gabriel Pidoux et Théotime Langlois de Swarte ont ouvert le bal avec une très bonne surprise. Les deux airs de La Flûte enchantée « Der Vogelfänger bin ich ja » et « Der Hölle Rache », véritables tubes de l’opéra ont été transcrits pour deux instruments par Mozart lui-même comme nous l’apprend l’oboïste. Cette entrée inattendue donne le ton de la soirée avec de nombreux plaisirs à venir. Les jeunes artistes victorieux sont déjà bien connus et volent d’ailleurs de succès en succès, depuis leurs débuts. Membre remarqué de l’ensemble baroque Le Consort, Théotime Langlois de Swarte a troqué son violon Jacob Stainer 1665 habituel pour un instrument moderne. Les extraits des cinq pièces pour deux violons de Chostakovitch trouvent le ton juste avec une douce mélancolie. C’est pourtant dans l’introduction arrangée de l’air « Una furtiva lagrima » que les solistes touchent l’éternité du doigt, superbe moment suspendu où les timbres se fondent admirablement. Gabriel Pidoux fait résonner son hautbois avec énormément de charme notamment dans une jolie pièce de Saint-Saëns. Raphaëlle Moreau n’est pas en reste dans un morceau rare de Lili Boulanger où la jeune artiste montre une sensibilité qui s’affirmera.

La Victoire en chantant

Marie Perbost © Christophe Pelé/OnP

Marie Perbost © Christophe Pelé/OnP

Partenaire attentive, Claire Désert est une marraine bienveillante qui tisse le lien musical. Les parties vocales composent un patchwork de mélodies, de chansons, d’airs et de duos d’opéras et d’opérettes. Kevin Amiel a eu l’opportunité d’aborder le rôle de Nemorino à Toulouse en mars 2020 (juste avant la crise sanitaire) et garde dans son interprétation, le souvenir de la scène avec quelques accents véristes. La voix du ténor, révélation classique de l'ADAMI en 2011 et désormais familier des grands rôles du répertoire lyrique, a évolué avec un timbre qui s’est légèrement nasalisé. Impressionnant, l’aigu est toujours facile et éclatant avec un messa di voce maîtrisé même si le grave manque parfois d’assise. La chanson « Non ti scordar di me » au lyrisme démonstratif lui convient mieux que la mélodie de Massenet « Elégie » où la diction n’est pas aidée par l’acoustique réverbérée de Saint-Louis. Plus aguerrie, Marie Perbost délivre une leçon de chant dans une frissonnante et superbe « Dernière valse » de Reynaldo Hahn où la maîtrise du mot est exemplaire. De même, l’interprétation de « L’âme évaporée » de Debussy confirme que la jeune soprano est déjà une récitaliste accomplie.  Côté opéra, avec Mozart elle trouve le ton juste dans l’air de Pamina mais c’est Adina qui impressionne le plus. Dans le duo de L’Elixir d’amour de Donizetti, un aigu qui s’envole avec facilité, une agilité et des couleurs qui irisent le chant, laissent entrevoir la magnifique belcantiste qu’elle deviendra sans doute un jour.

Le concert réussi réjouira sans nul doute tous les auditeurs de Radio Classique en attendant le retour tant espéré au spectacle vivant. La cathédrale Saint-Louis des Invalides prévoit d’accueillir son public de nouveau le 17 décembre 2020 avec un concert Puccini à ne pas manquer, ne serait-ce que pour le plaisir de retrouver la grande et belle voix de la soprano Marie-Laure Garnier.

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