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François-Xavier Roth et Lise Davidsen, sensations à la Philharmonie

François-Xavier Roth et Lise Davidsen, sensations à la Philharmonie

La nouvelle sensation wagnérienne s’appelle Lise Davidsen. Le mélomane toujours à la recherche d’émotions fortes ne pouvait faire l’impasse sur les vrais débuts de la soprano à la Philharmonie de Paris. Compte-rendu…

François-Xavier Roth © Mathias Benguigui Pasco And Co

François-Xavier Roth © Mathias Benguigui Pasco And Co

Certaines représentations comportent plus d’enjeux que d’autres. Le concert de l’Orchestre de Paris qui a eu lieu à la Philharmonie de Paris le jeudi 17 octobre 2019 a non seulement permis à la jeune soprano Lise Davidsen de faire ses débuts Salle Pierre Boulez mais il a également servi de test. Depuis le départ de Daniel Harding son précédent directeur artistique, la grande phalange orchestrale française se cherche un nouveau chef. 2019-2020 est clairement établie comme la saison charnière où parmi les brillants candidats qui se succèderont sur le podium sera choisi l’heureux ou l’heureuse élue. Il faut le dire, le pays des Droits de l’Homme est un peu à la traîne en matière d’égalité homme femme car contrairement à nos voisins brexiteurs (avec Mirga Grazinytė-Tyla par exemple), aucune femme ne dirige de grande formation. La cheffe américaine Karina Canellakis part sans doute avec une longueur d’avance mais rien n’est encore joué car un sérieux outsider vient de faire une entrée fracassante. Après l’admirable concert de jeudi, le nom de François-Xavier Roth semblerait presque une évidence.

Un Orchestre de Paris des grands soirs

F-X Roth © Mathias Benguigui Pasco And Co

F-X Roth © Mathias Benguigui Pasco And Co

En ouverture, il a dirigé une intense Passacaglia de Webern où l’Orchestre de Paris a sonné juste, précis et fort beau. Le chef français sait se servir de l’acoustique de la Philharmonie, véritable atout pour le Petrouchka de Stravinski joué en deuxième partie où les différents pupitres s’exposent vaillamment les uns après les autres. Tous les membres de l’ensemble et notamment les vents ont brillé dessinant superbement chaque tableau et offrant le livre d’image attendu. Attentif à la transparence et à l’expressivité, François-Xavier Roth préfère contenir son orchestre pour éviter les débordements de sauvagerie que l’on attend parfois (annonçant Le Sacre du Printemps qui sera créé deux ans après Petrouchka). L’art du chef est encore plus remarquable dans les quatre derniers Lieder de Richard Strauss où il déploie un tapis chatoyant de couleurs automnales. Dans Beim Schlafengehen, le violon de Philippe Aïche est mélancolique sans forcer le trait. La direction de Roth semble chercher le dépouillement pour aller à l’évidence de cette musique où il laisse passer une belle émotion. Un Orchestre de Paris des grands soirs s’est prêté admirablement aux tempos joliment alanguis d’Im Abendrot qui ont plongé la philharmonie dans un véritable bain de sons enveloppants.

Lise Davidsen, la nouvelle star wagnérienne

Lise Davidsen © Mathias Benguigui Pasco & Co

Lise Davidsen © Mathias Benguigui Pasco & Co

Les mélomanes qui ont entendu parler d’elle en termes élogieux attendaient avec impatience de découvrir (ou pour certains chanceux de revoir) Lise Davidsen. Auréolée de nombreux prix et après le succès de son Ariadne auf Naxos à Aix-en-Provence, la jeune soprano faisait sa véritable première apparition parisienne sur la scène de la Philharmonie dans le chef-d’oeuvre de Strauss. A l’image de Jessye Norman à qui le concert était dédié et dans la lignée des grandes wagnériennes (et non des mozartiennes), l’artiste possède une voix opulente irisée de nombreuses nuances qu’elle dispense généreusement en allégeant à souhait. L’aigu est net et précis, les graves présents et la voix magnifiquement bien placée. A défaut d’une réelle incarnation du texte, comme pour signifier le renoncement dans Im Abendrot, la soprano risque un pianissimo sur le mot « einsamkeit » et produit le plus bel effet. Dans September, l’instrument se fond dans l’orchestre et s’évanouit même laissant une dernière phrase en suspension. Beim Schlafengehen que l’on souhaite encore plus voluptueux déroule son long mélisme grâce à une maîtrise du souffle certaine. En abordant les Quatre derniers Lieder, Lise Davidsen entretient la tradition des grandes voix dans ce répertoire (comme sa compatriote Kirsten Flagstad créatrice de l’oeuvre) et se place d’emblée parmi les artistes à suivre de très près.

Avec François-Xavier Roth et l’Orchestre de Paris, la nouvelle grande soprano a illuminé cette magnifique soirée à la Philharmonie de Paris.

Roberto Alagna, Don Carlo italien de l’Opéra Bastille

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Gala exemplaire au Théâtre des Champs-Elysées

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