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Du superflu tout à fait indispensable

Du superflu tout à fait indispensable

Traiter la musique classique de manière érudite et irrévérencieuse, c’est ce qui pouvait arriver de mieux pour démocratiser cette noble page de notre culture, trop souvent considérée comme de la musique écrite par des morts et écoutée par des vieux ! Les éditions Le Castor Astral viennent de publier la troisième édition revue et augmentée du Dictionnaire superflu de la musique classique. Les deux auteurs, Olivier Philipponnat et Pierre Brévignon (qui fut un précieux collaborateur du Guide Music & Opera 2014-2015) s’en donnent à cœur joie pour raconter des anecdotes ou pour tout simplement instruire, en dézinguant au passage quelques idées reçues sur le sérieux des compositeurs ou des artistes.

Le lecteur peut ainsi picorer de A à Z (et plus précisément de Abba à Zymo-Xyl), dans plus de mille entrées aussi variées que « Berlioz », « Mesure », « Permis de conduire », « Savon » ou « Tuyau-de-Poële »… Les grandes histoires très connues ont leur article (comme celle du Sacre du Printemps à « Scandale » ou la mort de Mozart à « Fables ») mais ce n’est pas le gros de l’ouvrage, tant les découvertes sont nombreuses. Le plus érudits y trouveront énormément d’informations et s’étonneront (ou s’agaceront, c’est selon) de ne pas déjà savoir tel fait sur leur Mozart, Barber ou Glenn Gould chéris. En parsemant le livre de clins d’œil complices, les coauteurs amusent toujours avec parfois un brin de causticité bienvenu. A la lecture, on rit et on sourit même avec quelques grandes personnalités qui, pour le coup, serviraient presque de têtes de turc (on se reportera à l’entrée « Bob Dylan » ou à « Liberté de penser » pour découvrir qui ils adorent détester).

Les vacheries sont souvent les plus drôles, surtout lorsqu’elles sont décochées avec esprit. Willy écrit par exemple : « Reynaldo Hahn avait déjà fait Ciboulette. Avec son Mozart, cela fait sept. » Rossini pouvait se montrer terrible comme à propos de l’oeuvre de Wagner : « Lohengrin n’est pas de ces opéras que l’on peut juger dès la première écoute. Et comme je n’ai pas envie de l’entendre une deuxième fois… ». Tout comme Jules Massenet à propos de Camille Saint-Saëns : « il lui manque le sixième, celui de l’ouïe »… L’actualité récente est également évoquée dans cette nouvelle mouture du Dictionnaire superflu comme ce malheureux blind test du directeur de l’Opéra national de Paris ou plus grave, l’affaire Dutilleux (p. 99 et 473) parfaitement résumée. Même si la réputation de quelques artistes est légèrement écornée, d’autres suscitent l’admiration comme cet étonnant début de Thomas Schippers comme chef d'orchestre.

Comme un gourmand qui ne sait pas où donner de la tête dans une pâtisserie, le mélomane a envie de dévorer ces 500 pages dans tous les sens et de raconter avec bonheur, toutes ces perles de récréation et d’érudition. Sans parler de cette dernière gourmandise avec la deuxième et la troisième de couverture illustrées de pochettes de disque fictives hilarantes. Pour être plus complets encore, Pierre Brévignon et Olivier Philipponnat ont eu également l’excellente idée de conclure leurs articles par des conseils discographiques ou des liens internet.

Bien qu’absolument superflu (et revendiqué comme tel), pour tout connaître sur le monde impitoyable de la musique classique, ce dictionnaire est un incontournable indispensable de toute bibliothèque de mélomane qui se respecte.


Hugues Rameau-Crays

@HuguesRameau

Parution : 19 novembre 2015

ISBN : 978-2-85920-964-3

Collection : « Castor Music »

Format : 15 x 21, 512 pages

Prix : 19,90 EUR

Diffusion : Seuil / Volumen

Egalement reçu du même éditeur : L’Odyssée de l’Orgue Micot-Wenner-Quoirin de La Réole 1765-2015 ou le retour à la terre natale (Les Amis de l’Orgue de Saint-Pierre de La Réole)

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